Divergences sur l’origine du choléra en Haïti

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Publié 18/07/2012 par Trenton Daniel (The Associated Press)

à 18h56 HAE, le 17 juillet 2012.

PORT-AU-PRINCE, Haïti – Le taux de décès liés à l’épidémie de choléra qui a fait plus de 7000 morts depuis deux ans en Haïti a enfin diminué, mais le débat au sujet de l’origine de la maladie ne fait que s’amplifier.

La controverse a pris un nouvel élan depuis la publication d’une étude d’une experte du choléra de l’université du Maryland, aux États-Unis. L’étude affirme qu’il n’y a pas une seule souche du choléra en Haïti, mais deux. Une première souche aurait été présente en Haïti avant l’arrivée du bataillon de casques bleus népalais considéré comme le vecteur de l’épidémie. L’étude ne va pas jusqu’à attribuer l’épidémie à cette première souche, mais affirme qu’elle a joué un rôle dans la propagation de la maladie.

Cette hypothèse est suffisante pour relancer les discussions au sujet du choléra et pour accroître les tensions entre les deux camps de scientifiques qui se disputent pour savoir si la maladie a été transportée en Haïti par des humains ou par l’environnement.

«Ces deux groupes veulent en découdre», explique Judith Johnson, professeure de pathologie et de microbiologie clinique à l’université de Floride. Elle décrit le débat comme un «choc de titans».

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L’auteure de l’étude, Rita Colwell, ancienne directrice de la National Science Foundation aux États-Unis, a déclaré qu’elle refusait de prendre parti dans le débat.

«Je n’attaque personne; je suis une scientifique», a-t-elle affirmé.

Mais son étude, publiée dans la revue de la National Academy of Sciences, met en doute l’hypothèse selon laquelle l’ONU serait responsable de l’épidémie de choléra en Haïti.

«Il est impossible pour l’instant de déterminer clairement» la source de la maladie, affirme la scientifique, en appelant à la mise sur pied d’une base de données publique afin d’étudier les souches du choléra.

Le rapport affirme qu’une «tempête parfaite» de circonstances environnementales en 2010 a permis à la bactérie d’apparaître. Cette année-là, le pays a connu un tremblement de terre dévastateur, un ouragan et une saison estivale très chaude.

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Quelques mois seulement après le séisme, le choléra est apparu en Haïti, apparemment sorti de nulle part, puisqu’aucun cas n’avait été recensé dans le pays jusque-là, selon les chercheurs de l’université Duke.

Après l’apparition de la maladie dans le plus long fleuve d’Haïti, l’Artibonite, la bactérie s’est répandue dans les cours d’eau du pays pour se retrouver dans les 10 départements administratifs haïtiens un mois plus tard.

L’hypothèse avancée par Rita Colwell est contestée par plusieurs scientifiques. Plusieurs spécialistes estiment que la souche du choléra citée dans le rapport n’a probablement pas causé l’épidémie parce qu’elle est non toxique, naturellement présente dans les plans d’eau autour du monde et peu susceptible de déclencher des épidémies. Contrairement à la souche qui a infecté de nombreux Haïtiens, cette souche ne causerait que des diarrhées légères et ne représente pas une menace pour la vie humaine.

«Cette « tempête parfaite » est un parfait mensonge», a estimé l’épidémiologiste français Renaud Piarroux, qui a réalisé une étude sur l’épidémie de choléra en Haïti pour le compte de l’ONU. «Ce n’est pas une grande nouvelle. Ça ne signifie rien.»

Guy Knudsen, avocat et professeur d’écologie microbienne à l’université de l’Idaho, a écrit sur son site Internet personnel que l’étude de Mme Colwell comporte «plusieurs failles» et ne présente pas d’arguments forts pour soutenir son hypothèse.

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John Mekalanos, expert du choléra et professeur de microbiologie à l’école de médecine de l’université Harvard, a indiqué que ses collègues préparaient une réponse formelle à l’étude de Mme Colwell.

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