Ils l’ont découvert, mais refusent de confirmer que c’est bien lui. Pour étirer le plaisir? Ou plutôt parce que, avec le boson de Higgs, les physiciens ont finalement fait les premiers pas dans un territoire inconnu?
Car le boson de Higgs, si c’est bien lui dont deux équipes distinctes du CERN, en Suisse, ont finalement trahi l’existence – autour de 125 gigaélectronvolts (GeV), là où la théorie l’espérait – n’est pas la fin d’une longue quête de 50 ans: c’est plutôt le début d’une autre pour laquelle on manque de repères.
Les dernières données rassemblées par le Tevatron — l’accélérateur de particules des Américains, en Illinois — avant sa fermeture en 2011, laissaient également planer la possibilité d’un boson de Higgs entre 115 et 152 GeV.
C’est la dernière particule dont les physiciens avaient besoin pour faire tenir leur «Modèle standard» de l’univers — la dernière brique pour compléter un mur, en quelque sorte. Mais c’est en même temps un pont vers un ailleurs incertain, vers une partie de la réalité qui nous échappe encore.
Peut-être, qui sait, cette partie de la réalité à laquelle appartient la mystérieuse matière sombre. Ou alors sûrement, à tout le moins, ce champ de Higgs, une «soupe cosmique» qui donne leur masse aux particules qui passent au travers, un champ postulé il y a 50 ans, dont le boson était notre toute première chance d’en démontrer l’existence.