Les enseignants ontariens satisfaits de leur sort

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Publié 05/09/2006 par Yann Buxeda

La rentrée est l’occasion pour toutes les institutions d’établir les bilans de l’exercice précédent et de dévoiler les lignes directrices des mois à venir. L’Ordre des enseignantes et enseignants de l’Ontario s’est livré à son désormais traditionnel sondage sur le ressenti du personnel éducatif de l’Ontario. Une étude qui dévoile avant tout que les enseignants ontariens sont de plus en plus heureux de transmettre leur savoir.

Les enseignants d’Ontario sont-ils satisfaits de leurs conditions de travail? C’est autour de ce leitmotiv que l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario a publié son sondage annuel la semaine dernière. Un panel réalisé sur un petit millier d’employés du personnel éducatif, sensé plutôt faire émerger une tendance générale qu’une statistique précise.

Et si tout n’est pas rose dans le petit microcosme de l’école, il apparaît plus clairement que jamais les professeurs n’ont été aussi heureux d’enseigner.

Ainsi, parmi les premiers chiffres à retenir, il apparaît que plus de quatre professeurs sur cinq (81%) recommenderaient sans hésiter une carrière en enseignement, contre seulement 67% il y a trois ans. Une situation qui à elle seule illustre la teneur du sondage, selon la présidente de l’Ordre, Marilyn Laframboise: «Les enseignants aiment vraiment leur métier. Ils évoquent avant tout ce plaisir de participer à l’évolution et à l’épanouissement intellectuel de l’enfant.»

Mais au-delà de ce chiffre, le sondage de l’Ordre met en exergue un paradoxe qui régit actuellement les métiers de l’enseignement.

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Car si d’un côté les enseignants encouragent les jeunes à embrasser le domaine de l’éducation, la majeure partie d’entre eux reconnaissent que la qualité de vie au sein de l’école s’est considérablement dégradée.

Ainsi, près de la moitié (45%) des enseignants ontariens se disent stressés quelques fois par semaine. Un chiffre d’autant plus important que la moyenne canadienne sur le marché du travail n’est que de 29%. Plus d’un professeur sur dix se déclare même constamment sujet au stress (13%).

Des pistes d’étude qui, selon Marilyn Laframboise, doivent permettre d’améliorer encore la situation: «Nous ne pouvons négliger ces chiffres, et nous devons identifier la source de ce stress. Car même si les enseignants sont globalement très satisfaits de leur situation, nous ne pouvons pas laisser ce problème latent. À moyen terme, c’est une situation dangeureuse pour l’ensemble de la profession.»

Un phénomène déjà partiellement décrypté, notamment à travers l’une des déclarations qui revient le plus souvent dans ce sondage. Ainsi, la quasi-intégralité du corps enseignant ontarien constate une dégradation majeure des relations entre famille et professeurs. Un fait qui touche aussi bien la relation parent-professeur que celle plus intime de l’élève et de son enseignant, comme le souligne la présidente de l’Ordre: «Dans certaines classes, le respect du professeur n’existe quasiment plus. Non seulement les élèves ne respectent plus l’autorité mais la famille non plus. Ce ne sont encore que des épiphénomènes, mais il faut s’assurer de les isoler pour les combattre.»

Un combat qui, selon elle, passe par le rétablissement de la communication entre les parties: «Nous devons impliquer plus directement les parents dans le processus d’éducation. L’enfant n’a pas deux vies séparées entre l’école et la maison. Chaque lieu doit être le prolongement du premier et s’inscrire dans une dynamique d’épanouissement. La collaboration est à la base de la réussite du système scolaire.»

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Des conclusions que ne réfute pas l’Association des enseignantes et enseignants francophones de l’Ontario (AEFO), même si la légitimité du sondage est remise en cause par son président. Premier argument avancé par Paul Taillefer, l’échantillonnage: «Alors que l’Ordre est censé représenter environ 200 000 personnes, il est dommage de constater que ce sondage ne porte que sur l’interrogation d’à peine 0,5% de ce chiffre. Cela fait partie des points que nous remettons en cause dans ce sondage, qui par ailleurs indique parfois des tendances que nous retrouvons au quotidien.»

Mais plus encore que ce détail statistique, Paul Taillefer déplore le fait que l’Ordre outrepasse ses attributions originales.

En d’autres termes, il ne serait pas du ressort de l’institution ontarienne d’effectuer des statistiques de ce type, mais bien des organismes spécialisés: «L’Ordre n’est pas mandaté pour ce genre de travaux. C’est un organisme qui est sensé veiller à l’intérêt du public et ce sondage n’a pas lieu d’être. Il appartient à nos filliales de sonder nos communautés enseignantes pour apporter des précisions sur leur ressenti. Le problème de ce sondage est qu’il n’y a aucune réelle investigation, ne serait-ce que dans les domaines abordés. Balayer le sujet en surface n’est, à mon sens, pas très utile.»

À noter que l’AEFO communiquera une étude sur la situation des enseignants franco-ontariens à l’automne prochain.

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