D’habitude, les pionniers partent des villes pour aller découvrir des territoires isolés; dans le cas d’Anodajay le parcours s’est fait dans l’autre sens. Pionnier du hip-hop québécois, l’artiste est venu de la campagne pour conquérir la ville. Derrière lui, d’autres rappeurs ont suivi, dont Samian, qui sera avec lui sur la scène WestJet ce vendredi à la Franco-Fête. Par téléphone, depuis les Francofolies de Montréal, Anodajay nous dresse un bilan de la situation du hip-hop québécois.
À la fois artiste et producteur, Anodajay, Steve Jolin de son vrai nom, a très vite compris que s’il ne faisait rien pour le hip-hop, personne ne le ferait à sa place. À 26 ans, il a créé son label, 7e ciel, qui produit aujourd’hui Samian, Koriass, Dramatik ou encore Manu Militari.
«Tout est à construire au Québec (ndlr, au niveau du hip-hop). On connaît le courant aux États-Unis et en France, mais c’est arrivé en dernier au Québec. Il fallait se trouver une identité. Maintenant il faut le faire découvrir aux gens, pour que la masse le voie, les médias… c’est quand même la première musique dans le monde…»
Enraciné dans le local
Coincé entre les gros beats américains et les textes français, le Québec a développé son identité en s’enracinant dans le local.
«On s’est approprié nos expressions, maintenant on a nos propres beatmakers, nos DJ, les gens sont autodidactes», explique Anodajay. Lui a commencé très tôt, à Rouyn-Noranda, à se produire sur scène. «On était deux, trois à l’époque! On se faisait regarder de travers!», se rappelle-t-il.