Spécial Règlement 17 – Résistance

100e anniversaire

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Publié 19/06/2012 par Paul-François Sylvestre

Dès l’imposition du Règlement 17, il y a une contestation, un refus de se soumettre, une montée aux barricades. Une résistance héroïque s’exerce dans plusieurs communautés, à Ottawa bien entendu, mais également à Pembroke, Green Valley et Windsor.

Selon l’historien Robert Choquette, il y aurait eu 190 écoles dites bilingues qui refusaient de se soumettre au Règlement 17. De ce fait, elles n’étaient plus admissibles aux subventions provinciales.

L’année 1916 commence avec un grand coup d’éclat à l’École Guigues de la rue Murray à Ottawa. Chassées de leur école, les demoiselles Diane et Béatrice Desloges ouvrent une école indépendante à quelques rues de là.

Le matin du mardi 4 janvier 1916, les mères des élèves de l’école indépendante ordonnent à leurs enfants de reconduire leurs enseignantes à l’École Guigues. Le groupe réussit à reprendre l’école et, en dépit d’une injonction, les sœurs Desloges continuent d’enseigner à l’École Guigues.

L’héroïsme des Gardiennes de l’École Guigues a un effet catalyseur sur les forces de la résistance. Le 3 février 1916, jour de l’incendie du Parlement canadien, les 17 écoles du Conseil des écoles séparées d’Ottawa ferment leurs portes et les 4 300 élèves francophones font la grève en paradant et en brandissant des pancartes dans les rues d’Ottawa.

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Jusqu’à la fin du mois de juin 1916, les écoles sont surveillées par des équipes de gardiennes.

Green Valley

Je vous ai d’abord parlé de l’École Guigues car c’est là que la résistance a été le plus dramatique. Mais la première école libre établie pour résister au Règlement 17 apparaît à Green Valley, petit village à majorité canadienne-française du comté de Glengarry, dans le diocèse d’Alexandria.

En 1914, la commission scolaire décide d’embaucher Léontine Sénécal pour qu’elle enseigne en français, mais un contribuable anglophone poursuit en justice les deux commissaires francophones. Ils embauchent une nouvelle enseignante bilingue, Florence Quesnel, et sont par la suite reconnus coupables de lui avoir versé un salaire.

L’affaire révolte les parents francophones qui décident d’établir une école libre, l’École du Sacré-Cœur. Financée par les parents francophones de Green Valley et par l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFÉO), l’école libre de Green Valley existera jusqu’à ce que la commission des écoles séparées accepte d’établir des classes bilingues, quelques années après la résolution du Règlement 17, en 1927.

Pembroke

Un autre haut lieu de résistance est Pembroke. En septembre 1923, la commission des écoles séparées ouvre une nouvelle école et embauche Jeanne Lajoie, ce qui crée un froid entre elle et les Sœurs de Saint-Joseph qui dirigent l’école.

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Le conseil scolaire la remplace alors par une sœur enseignante anglophone qui ne parle pas le français.

Le Cercle Lorrain, association nationaliste locale dirigée par Alfred Longpré, crée alors une école libre avec Jeanne Lajoie comme enseignante. Elle accueille bientôt entre 75 et 100 élèves.

Jeanne Lajoie accepte d’enseigner sans salaire et consacre ses étés à ramasser des fonds pour maintenir l’école ouverte. Elle enseigne jusqu’en 1926, puis se retire dans un sanatorium du Québec où elle meurt en 1930.

Cette même année, Alfred Longpré publie une brochure lui rendant hommage. Aujourd’hui, trois écoles portent le nom de Jeanne Lajoie (primaire et secondaire à Pembroke, primaire à Toronto).

Windsor

Windsor a aussi été un haut lieu de résistance au Règlement 17. Dix ans après son imposition, la Ligue des patriotes s’adressa à l’ACFÉO pour obtenir une institutrice.

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Après d’innombrables démarches et une longue attente, l’École Jeanne d’Arc ouvrit ses portes en septembre 1922, sous la direction de Phélonise Charlebois, venue de Bourget (Est ontarien). On la nomma naturellement «la Pucelle de Windsor». L’école accueillit 35 élèves à la rentrée et une vingtaine de plus à la fin de l’année scolaire.

Pour couvrir les dépenses de l’École Jeanne d’Arc, on organisa une kyrielle d’activités: parties de cartes, séances dramatiques, vente de «la rose de Dollard» à la porte des églises, etc. Cette fleur réfère à la rose que le chanoine Lionel Groulx a déposée en 1920 au pied du monument érigé au Long-Sault en l’honneur de Dollard des Ormeaux.

L’École Jeanne d’Arc connut un tel succès qu’il fallut ouvrir une seconde école libre en septembre 1924, dans une maison offerte gratuitement par Stanislas Janisse (frère de mon arrière-grand-mère maternelle). L’école prit le nom de Saint-Stanislas.

Autres textes:
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Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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