En décembre 2008, alors qu’il pratiquait le droit au Bureau de l’aide juridique en matière familiale, à Calgary, Donnie Doucet a présenté une requête pour que son client ait une audience en français devant la Cour provinciale de l’Alberta.
Devant le nombre grandissant d’obstacles à franchir pour obtenir une réponse favorable, Maître Doucet a estimé qu’il n’avait pas d’autre choix que d’abandonner sa requête. Cependant, bien convaincu de l’importance des droits linguistiques, il se mit à la recherche de moyens pour susciter une prise de conscience et un débat sur le statut du français devant les tribunaux albertains.
C’est ainsi que, quelques mois plus tard, il décida de commander la transcription des trois audiences tenues dans le cadre de sa requête et de remettre cette documentation à un collègue de pratique privée avec le mandat qu’elle soit diffusée afin de faire connaître le genre d’obstacles dressés devant les juristes et justiciables qui, en Alberta, désirent utiliser le français dans des causes non criminelles et afin que s’indignent ceux qui devraient être indignés.
Lorsque ce collègue offrit de contribuer à payer le service de transcription, Maître Doucet répondit: «Non, c’est moi qui vais payer. Pas de problème: un petit cadeau pour la cause linguistique en Alberta…» Les personnes qui croient en la dualité canadienne se doivent de lire la transcription de ces audiences car, à mon avis, c’est tout un cadeau!
En effet, l’initiative de Maître Doucet a permis de révéler des faits surprenants démontrant entre autres que Justice Alberta considère le français comme une langue étrangère. Et que, s’il voulait poursuivre sa requête pour obtenir une audience en français, Maître Doucet devait traduire en anglais la décision rendue en français le 2 juillet 2008 par le juge Wenden, de la Cour provinciale de l’Alberta, dans l’affaire R. c. Caron, 2008 ABPC 232.