Norvège: Breivik affirme qu’il est sain d’esprit

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Publié 24/04/2012 par Karl Ritter (The Associated Press)

à 14h14 HAE, le 25 avril 2012.

OSLO – Anders Breivik a contesté devant le tribunal d’Oslo, mercredi, l’expertise qui l’a jugé non criminellement responsable de ses actes, dénonçant les «inventions diaboliques» des psychiatres.

«Ce n’est pas moi qui est décrit dans ce rapport», a déclaré l’homme de 33 ans, jugé pour l’attentat d’Oslo et la tuerie d’Utoya qui ont fait 77 morts le 22 juillet dernier.

Anders Breivik, qui a reconnu les faits mais qui a plaidé non coupable, tient à prouver qu’il est sain d’esprit, alors que son cas divise les psychiatres.

Juste avant l’ouverture de son procès, une contre-expertise psychiatrique l’a jugé criminellement responsable de ses actes, contredisant le premier rapport qui le considérait psychotique. Les juges devront décider sur quel rapport ils se fondent et la réponse déterminera s’il sera condamné à la prison ou à un internement psychiatrique.

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L’air irrité, Breivik a accusé mercredi les psychiatres qui l’ont jugé psychotique d’avoir posé un diagnostic prématurément, estimant que leur jugement était altéré par l’émotion suscitée par les attaques.

«Ils manquent d’expertise dans l’évaluation des militants politiques violents», a-t-il affirmé.

Anders Breivik, qui défend une idéologie d’extrême droite et dit avoir agi pour protéger la Norvège d’une prétendue invasion musulmane, a écouté les témoignages sur l’attentat d’Oslo sans manifester le moindre remords. Il a expliqué que si quelqu’un devait présenter des excuses, c’était le Parti travailliste au pouvoir en Norvège.

Anders Breivik a ainsi affirmé qu’il avait espéré qu’après les attaques, le parti allait changer sa politique en matière d’immigration.

«Mais au lieu de ça, ils continuent dans la même direction, donc les raisons de se battre sont malheureusement encore plus pertinente aujourd’hui qu’avant le 22 juillet», a-t-il affirmé.

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Des témoins de l’attentat

Mardi, Anders Behring Breivik a écouté en silence des témoins de l’attentat qu’il a perpétré dans la capitale norvégienne le 22 juillet dernier. Un garde chargé de la sécurité qui se trouvait dans un bâtiment gouvernemental a notamment parlé de «zone de guerre» pour décrire le chaos provoqué par l’explosion d’une camionnette piégée.

L’attentat d’Oslo et la tuerie d’Utoya ont causé la mort de 77 personnes l’été dernier en Norvège, dont huit dans la capitale. L’accusé, âgé de 33 ans, a affirmé qu’il pensait être tué avant d’arriver dans l’île d’Utoya.

Des experts en médecine légale ont donné des détails sur les dégâts provoqués par la bombe sur quatre des huit victimes d’Oslo. «Plus de 100 morceaux de corps ont été retrouvés», a déclaré Ole Morten Stoerseth, un responsable de la police chargé d’identifier les victimes.

Le responsable des opérations de la police, Thor Langli, a raconté que les premières informations qu’il avait reçues après l’explosion d’Oslo suggéraient qu’il y avait deux suspects, et que deux autres bombes risquaient d’exploser.

Thor Langli s’est souvenu qu’il se tenait à côté du chef d’une brigade antiterroriste à Oslo quand il a reçu un appel concernant une deuxième attaque dans le camp de jeunes du Parti travailliste à Utoya, à une quarantaine de kilomètres de la capitale norvégienne.

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«J’ai vu sur son visage que c’était quelque chose de grave», a confié Thor Langli. «Et alors que je le regardais, il a dit du coin de la bouche: « fusillade à Utoya ».»

Thor Langli a alors pensé que l’auteur de l’attentat d’Oslo et de la fusillade d’Utoya était une seule et même personne. «J’ai pensé qu’il y avait un lien. Mais je n’avais aucune preuve de cela», a-t-il dit. En se retournant vers Anders Breivik assis dans la salle, il a ajouté: «Je ne pouvais pas imaginer qu’il puisse y avoir deux personnes avec autant d’idées folles».

Bombe d’engrais et de diesel

Un garde chargé de la sécurité qui se trouvait dans un bâtiment gouvernemental endommagé par l’explosion a déclaré à la barre qu’il venait tout juste de diriger une caméra de surveillance sur la plaque d’immatriculation du véhicule suspect quand il a explosé. Tor Inge Kristoffersen a parlé de «zone de guerre» pour décrire les dégâts provoqués par l’explosion dans le centre d’Oslo.

Svein Olav Christensen, un expert en explosifs travaillant pour une agence spécialisée dans les questions de défense, a montré au tribunal des photos du lieu où l’explosion s’est produite. La bombe de 950 kilos, fabriquée à base d’engrais et de diesel, a creusé des trous dans le sol sous le véhicule.

Anders Breivik a déclaré qu’il avait été déçu en apprenant que le bâtiment gouvernemental ne s’était pas écroulé. D’après Svein Olav Christensen, il aurait fallu que la bombe soit «beaucoup plus grosse» pour que le bâtiment s’écroule.

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Le procès doit durer encore neuf semaines.

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