Versions différentes de la mort de Trayvon Martin en Floride

Abattu par un patrouilleur bénévole

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Publié 22/03/2012 par The Associated Press et La Presse Canadienne

à 19h05 HAE, le 24 mars 2012.

MIAMI – Les avocats de la famille d’un adolescent américain noir et du responsable d’une patrouille de quartier de la Floride qui a abattu ce dernier, alors qu’il n’était pas armé, offrent des points de vue différents dans le cadre de l’enquête fédérale sur le décès de Trayvon Martin.

Daryl Parks, un avocat de la famille du jeune Noir, a déclaré samedi aux membres du conseil d’administration de la National Association of Black Journalists que la famille Martin avait rencontré des responsables fédéraux et locaux pendant plus d’une heure, jeudi. Il a ajouté que la famille avait quitté la rencontre avec «un fort sentiment que la Cour était très engagée» en faveur de l’enquête sur l’affaire.

Me Parks a cependant ajouté qu’«il était clair, à partir des déclarations de la Cour, que les accusations de crime haineux poseraient problème».

Pendant ce temps, un avocat représentant George Zimmerman, âgé de 28 ans, a dit croire que la loi de la Floride sur la légitime défense s’appliquait dans ce cas. Craig Sonner a déclaré samedi que son client avait été injustement dépeint comme un raciste et qu’il avait agi en état de légitime défense.

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Barack Obama exige une enquête

Barack Obama a qualifié de « tragédie » vendredi la mort de Trayvon Martin. Le chef de la Maison Blanche a demandé une enquête exhaustive sur ce drame, qui suscite des tensions raciales.

« Si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon », a déclaré le premier président noir des Etats-Unis, fils d’une Américaine blanche et d’un Kényan noir, et père lui-même de deux fillettes. « Je ne peux qu’imaginer ce que ces parents traversent et quand je pense à ce garçon, je pense à mes propres enfants », a-t-il poursuivi. « Je pense qu’ils (les parents) ont raison d’attendre de nous tous, en tant qu’Américains, que nous nous en occupions avec le sérieux qui s’impose, et nous ferons toute la lumière sur ce qui s’est passé », a-t-il promis.

« Chaque parent devrait pouvoir comprendre pourquoi il est absolument impératif que nous enquêtions sur chaque aspect de cette affaire. Tout le monde est rassemblé, aux niveaux tant fédéral que local, pour savoir exactement comme cette tragédie s’est produite », a insisté Barack Obama.

Le ministère de la Justice et le FBI ont ouvert une enquête, tandis qu’un grand jury se réunira le 10 avril pour se prononcer sur l’éventuelle inculpation de George Zimmerman, 28 ans, de père blanc et de mère péruvienne, qui a reconnu avoir tué l’adolescent de 17 ans le 26 février dernier à Sanford mais affirme avoir été attaqué.

Les parents de Trayvon Martin et des militants des droits civiques exigent l’arrestation du meurtrier. Le chef de la police, Bill Lee, mis en cause pour ne pas avoir interpellé George Zimmerman, s’est mis en retrait cette semaine pour tenter de calmer le jeu. Le gouverneur de Floride, Rick Scott, a annoncé peu après que le procureur, Norman Wolfinger, s’était retiré de l’affaire dans l’espoir également d’apaiser les esprits.

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Il rentrait chez sa fiancée

Trayvon Martin vivait à Miami mais se trouvait en visite à Sanford. Il avait acheté des bonbons et du thé glacé dans une épicerie et allait rentrer chez le père de sa fiancée, la capuche relevée à cause de la pluie, lorsque George Zimmerman l’a approché.

Le capitaine de la milice de quartier a déclaré au central de la police qu’il trouvait le jeune homme suspect, l’a pris en chasse, s’est battu avec lui et l’a tué par balle. Il affirme que l’adolescent l’a attaqué alors qu’il avait renoncé à le rattraper et regagnait sa voiture. L’enregistrement des appels d’urgence montre qu’un policier lui a demandé d’abandonner la poursuite.

Les parents de Trayvon Martin et des organisations de défense des droits civiques ont lancé une grande campagne, largement relayée par les réseaux sociaux sur Internet, pour l’arrestation de George Zimmerman, protégé par la législation de Floride sur la légitime défense. Lors des manifestations, de nombreux participants portaient la capuche, comme l’adolescent tué. Une pétition en ligne demandant l’interpellation du meurtrier a recueilli plus de 1,2 million de signatures.

Le tireur n’a été accusé d’aucun crime en vertu de la loi «Stand Your Ground» de l’État qui permet aux citoyens d’ouvrir le feu s’ils se sentent en danger. L’homme, qui avait contacté le 9-1-1 au sujet de l’adolescent, s’était pourtant fait dire de ne pas ouvrir le feu.

Le chef de police démissionne

Le chef de la police de Stanford a démissionné jeudi, après qu’une commission de police lui eut retiré sa confiance lors d’un vote à 3 contre 2. Le chef Bill Lee a annoncé qu’il démissionnait temporairement de ses fonctions parce qu’il était devenu une «distraction» dans une communauté en émoi. Il s’est dit «parfaitement conscient des émotions associées à la mort tragique d’un enfant».

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Le gouverneur de la Floride, Rick Scott, a nommé jeudi soir un nouveau procureur pour superviser l’enquête, après que le procureur initialement chargé de l’enquête eut demandé de se récuser. M. Scott a également formé une équipe de travail qui tiendra des audiences et fera des recommandations au sujet de l’incident.

Plus d’un million de personnes ont signé une pétition sur le site change.org pour demander l’arrestation et la mise en accusation de George Zimmerman. Le nombre d’appuis s’est multiplié jeudi, la pétition enregistrant plus de 1000 signatures à la minute, selon les responsables du site.

Débat sur le port d’armes

La mort de Trayvon Martin a aussi ravivé le débat sur le port d’armes, un droit protégé par la Constitution des États-Unis. Les lois «Stand Your Ground», qui existent dans au moins 21 États américains, permettent aux citoyens de faire usage de la force létale contre une autre personne s’ils craignent pour leur vie. La loi n’oblige pas les citoyens à d’abord tenter de s’enfuir s’ils se sentent menacés.

Arthur Hayhoe, directeur de la Florida Coalition to Stop Gun Violence, critique ces lois depuis des années. «Vous voulez savoir comment tuer une personne légalement en Floride?, a-t-il demandé. Assurez-vous qu’il n’y a aucun témoin, abattez la personne et dites que vous avez craint pour votre vie.»

La loi a été adoptée en Floride en 2005, après qu’un homme eut tué par balle un voleur présumé qui tentait d’entrer dans son véhicule après un ouragan. L’homme n’a jamais été accusé.

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