Procès Victoria Stafford: Rafferty dépeint comme un dupe de McClintic

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Publié 21/03/2012 par Allison Jones (La Presse Canadienne)

à 16h57 HAE, le 23 mars 2012.

LONDON, Ont. – La défense au procès de Michael Rafferty pour le meurtre de la petite Victoria Stafford laisse entendre qu’il a été manipulé pour servir les plans de sa copine, qui voulait enlever et assassiner l’enfant dans le but de régler une dette de drogue.

Témoignant au procès de M. Rafferty, Terri-Lynne McClintic a réfuté vendredi toutes les allégations de l’avocat de la défense, notamment qu’elle aurait offert Victoria Stafford comme objet sexuel à Michael Rafferty, et que celui-ci aurait refusé la proposition.

L’avocat de la défense, Dirk Derstine, a dépeint son client comme un dupe innocent, qui n’était pas au courant que sa petite amie avait poussé une petite fille dans sa voiture le 8 avril 2009, près de l’école primaire de Woodstock, en Ontario.

La défense a décrit McClintic comme une femme à l’appétit insatiable de violence.

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Le jury a vu deux visages bien différents de la femme de 21 ans: une adolescente en larmes remplie de regrets et horrifiée par les choses répugnantes que M. Rafferty aurait fait subir à la petite Victoria, et une criminelle endurcie tellement remplie de haine et de violence qu’elle aurait mis un chien dans un four à micro-ondes lorsqu’elle était enfant.

Terri-Lynne McClintic purge déjà une peine d’emprisonnement à vie après avoir plaidé coupable de meurtre prémédité relativement au décès de la petite Victoria. Son témoignage, au coeur du procès, s’est terminé vendredi, lorsque Me Derstine a présenté son interprétation des faits survenus il y a près de trois ans. Le témoin a tout nié.

«L’enlèvement était votre idée (…) Vous avez attiré la fillette vers la voiture amicalement et Michael n’en savait rien», a lancé Me Derstine. «Plus tard, vous lui avez dit que la petite fille était dans la voiture pour une dette de drogue et un peu plus tard (…) vous l’avez offerte à Michael, sexuellement.»

«Je suis en total désaccord avec vous», a répondu McClintic.

Lors de son témoignage, elle a raconté que M. Rafferty l’avait exhortée à enlever une jeune fille pour lui, mais que lorsqu’elle avait ramené Victoria à la voiture, il lui avait reproché qu’elle ne soit pas assez jeune. Selon la version de la jeune femme, l’accusé aurait violé Victoria, puis McClintic, l’esprit troublé par les traumatismes de son enfance, aurait tué la petite.

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Toutefois, le jury a également entendu une version bien différente. McClintic avait d’abord raconté à la police que c’était M. Rafferty qui avait tué la fillette à coups de marteau. Elle est revenue sur cette version le 13 janvier dernier, quelques jours avant le début des procédures judiciaires contre M. Rafferty.

Il a plaidé non coupable de meurtre prémédité, d’agression sexuelle ayant causé des blessures et d’enlèvement.

McClintic aurait aussi dit à sa marraine, qui lui rendait visite en prison plus tôt cette année, que la seule chose qui la dérangeait vraiment concernant le meurtre de Victoria Stafford était son jeune âge. Sinon, elle pourrait volontiers répéter ses gestes.

Elle mis du temps à admettre ses crimes

McClintic dit avoir enlevé Victoria en 2009 près de son école primaire à Woodstock, en Ontario, à la demande de M. Rafferty. McClintic a également affirmé avoir perdu le contrôle et tué Victoria avec un marteau après que son ex-conjoint eut agressé sexuellement l’enfant.

Elle a dit avoir d’abord été psychologiquement incapable d’avouer qu’elle avait pu tuer une enfant et qu’elle croyait vraiment qu’elle ne l’avait pas fait.

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Lorsque l’avocat de la défense a exprimé des doutes quant à crédibilité, McClintic a répondu qu’il lui avait fallu du temps pour admettre ses crimes. «Alors oui, ça m’a pris du temps pour l’admettre, mais maintenant je l’ai admis et je suis assise ici aujourd’hui pour dire la vérité. Ça ne sera jamais plus vrai que ça.»

McClintic a également nié avoir connu Victoria Stafford avant les évènements, même si elles habitaient à proximité l’une de l’autre. Lorsqu’elle a approché la petite fille en lui parlant de chiens de race shi-tzu, elle affirme qu’elle ignorait que Tori en possédait un.

La mère de Victoria et son conjoint achetaient de la drogue – des antidouleurs – de la mère de McClintic, mais elle a insisté pour dire qu’elle ne les connaissait pas bien.

Elle a affirmé avoir agrippée la petite fille à sa sortie de l’école simplement parce qu’elle était seule.

Sa rage dans un journal intime

Par ailleurs, Terri-Lynne McClintic a noirci les pages de son journal intime avec de violentes tirades à propos de violentes agressions à coups de pied dans les côtes, ou de meurtre à coups de marteau.

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En contre-interrogatoire de Mme McClintic, jeudi matin, l’avocat de M. Rafferty, Dirk Derstine, l’a questionnée sur des détails de son journal intime qu’il a qualifiés de «profondément dérangeants, d’images horriblement violentes».

L’accusée soutient qu’au moment d’écrire ces lignes, un an ou deux avant la mort de la jeune Victoria, elle utilisait l’écriture afin de se libérer de la rage qui l’habitait.

Me Derstine a rappelé à Mme McClintic qu’elle avait juré sous serment avoir battu un enfant à mort, avant de lui lancer que cela semblait indiquer la présence de problèmes «plus importants que ceux liés à la gestion de la colère».

Mme McClintic a quant à elle admis ne pas être fière de ce qu’elle était à cette époque, une affirmation qu’elle a nuancée en affirmant qu’elle avait subi une transformation en juillet 2008, quand elle a repris contact avec ses émotions.

Elle a ajouté que plusieurs éléments avaient influencé son comportement le jour du meurtre, et qu’elle «n’allait pas pouvoir excuser ce qui est arrivé».

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«Je n’essaierai jamais de trouver des excuses pour justifier ce qui est arrivé, mais les choses étaient plus complexes que mes problèmes de maîtrise de la colère, comme vous le dites», a-t-elle répondu à l’avocat de la défense.

Mercredi, le jury a deux facettes bien différentes de Terri-Lynne McClintic. L’une révélait une adolescente en larmes affirmant avoir mené Victoria Stafford vers sa mort sans le vouloir, et l’autre celle d’une jeune criminelle endurcie qui parlait de défoncer des crânes, torturer des victimes et tuer des témoins.

Les membres du jury ont regardé, mercredi, la vidéo d’un interrogatoire larmoyant de la jeune femme lors duquel elle se confesse, quelques semaines après la disparition de Victoria Stafford, en avril 2009. Elle purge déjà une peine de prison à vie pour le meurtre prémédité de la fillette.

Une lettre incriminante

Mercredi, les jurés ont également pris connaissance d’un écrit d’un tout autre ordre rédigé un an plus tôt par Mme McClintic.

Alors en détention, en mars 2008, elle avait écrit à un ami, dans un anglais approximatif et vulgaire, qu’elle voulait enlever la première personne rencontrée sur la route, la mutiler, lui fracasser le crâne et le défaire en morceaux pour que sa victime soit consciente de ce qui lui arrive. Elle était alors emprisonnée pour vol et pour avoir poignardé deux personnes.

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Le 12 avril 2009, elle a été arrêtée pour avoir brisé les conditions de sa remise en liberté, mais certains indices la désignaient déjà comme suspecte dans la disparition de Tori Stafford, quatre jours plus tôt.

Ce n’est que le 19 mai qu’elle a avoué le meurtre de la fillette de 8 ans.

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