Québec: les droits de scolarité haussés, peu importe les manifs

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Publié 13/03/2012 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 11h46 HAE, le 16 mars 2012.

MONTRÉAL – Une centaine d’étudiants ont eu beau manifester à l’extérieur d’une école secondaire où la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, a pris la parole, vendredi matin au sud-ouest de Montréal, et l’attendre même à la sortie, celle-ci n’a pas bronché: la hausse des droits de scolarité annoncée s’appliquera à compter de l’automne prochain.

Les manifestants de la Fédération étudiante collégiale et de la Fédération étudiante universitaire du Québec étaient calmes et il n’y a pas eu le moindre incident. Ils ont simplement fait valoir leur point de vue de nouveau, avec porte-voix, sirène et slogans, et ce, sous haute surveillance policière.

Interrogée à ce sujet, la ministre Beauchamp a maintenu le cap, répétant que peu importe le nombre de manifestants, les hausses annoncées des droits de scolarité seront maintenues.

Selon elle, les universités doivent être mieux financées. Elle a aussi indiqué que le programme de prêts et bourses sera bonifié afin de maintenir l’accessibilité aux études supérieures.

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Les droits de scolarité seront haussés de 325 $ par année pendant cinq ans, à compter de l’automne prochain. Ils passeront ainsi de 2168 $ en 2011-2012 à 3793 $ en 2016-2017.

Mercredi à Montréal, deux manifestations spontanées ont obligé les policiers à intervenir afin d’assurer la sécurité des étudiants qui déambulaient dans les rues sans avoir préalablement donné leur itinéraire.

Dans l’une des manifestations, qui avait débuté au cégep Ahuntsic, les étudiants de cette institution ont même emprunté l’autoroute métropolitaine, entraînant sa fermeture durant près d’une demi-heure en direction est sur le tronçon entre les sorties Christophe-Colomb et Papineau.

L’autre manifestation réunissait des étudiants de l’Université de Montréal. Ceux-ci se sont d’abord rassemblés devant le pavillon principal de l’institution avant de se diriger vers les bureaux de comté du député d’Outremont et ministre des Finances, Raymond Bachand.

Menaces de grèves indéfinies

Mardi, les étudiants s’étaient rassemblés à 13h au Square Victoria pour y entendre des discours de mobilisation, avant de se mettre en marche vers une destination qu’ils n’ont pas voulu dévoiler et en suivant un parcours qu’ils ont tout autant gardé secret.

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La manifestation s’est terminée vers 17h15, a indiqué la police de Montréal, faisant état de l’arrestation d’un individu. La plupart des manifestants avaient choisi de se disperser dans l’ordre vers 16h30, après un rassemblement devant les bureaux du Conseil du patronat du Québec, sur la rue Sherbrooke Ouest.

«Nous, on est dans la rue pour y rester», a prévenu Gabriel Nadeau-Dubois, coporte-parole de la coalition. «On hausse le ton, on durcit notre grève et la partie de bras de fer, elle va se continuer. Et on est convaincu qu’on va faire plier le bras de la ministre (de l’Éducation Line) Beauchamp», a-t-il dit aux journalistes au début de la manifestation.

Il a précisé que pour certaines associations étudiantes plus militantes, «on ne parle plus de grèves reconductibles, mais de grève indéfinie, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas eu offre de la part du ministère de l’Éducation».

L’autre coporte-parole de la coalition, Jeanne Reynolds, s’attendait à une manifestation dans le calme, contrairement à d’autres, ces derniers jours, qui ont entraîné des interventions policières à différents degrés.

«Nous, on prévoit tout le temps des manifestations et des marches pacifiques. Pour ce qui est des affrontements avec les policiers, il faudrait demander aux policiers l’attitude qu’ils ont par rapport aux manifestants. Ça, ce n’est pas à moi d’y répondre», a rétorqué Mme Reynolds.

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Il y a bien eu quelques pétards lancés par quelqu’un dans la foule et des bruits de détonation; il y a bien eu aussi quelques personnes masquées mêlées à la foule.

Un porte-parole du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), Daniel Lacoursière, a néanmoins indiqué que la manifestation s’était «relativement bien déroulée», notant que des balles de peinture avaient été lancées sur «deux ou trois immeubles» sur la rue Sherbrooke Ouest.

Avec le retour du printemps, ce sont des policiers à vélo et à cheval qui encadraient la manifestation, en plus des nombreux policiers à pied et en véhicules.

Le point culminant de la campagne contre la hausse des droits de scolarité doit être la manifestation du 22 mars, à Montréal, à laquelle toutes les organisations étudiantes doivent participer. Des dizaines de milliers d’étudiants y sont cette fois attendus.

De plus, un spectacle avait lieu le soir même, au Métropolis, en appui à la cause, avec des artistes comme Paul Piché, Dan Bigras, Les Zapartistes et Chloé Ste-Marie.

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Appui des syndicats

Par ailleurs, les étudiants qui combattent la hausse des droits de scolarité ont reçu, mardi, l’appui officiel de deux centrales syndicales qui ont des membres dans l’enseignement, la CSQ et la CSN.

La Presse Canadienne a également appris que des centaines de professeurs des niveaux collégial et universitaire appuient les étudiants actuellement en grève. Depuis lundi, plus de 1300 enseignants ont signé un manifeste intitulé « Nous sommes tous étudiants » en guise de solidarité au mouvement étudiant qui conteste la hausse prévue des droits de scolarité.

Mardi matin, des dirigeants des deux centrales se sont présentés aux côtés du président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, au Collège de Rosemont, à Montréal, pour appuyer la cause.

Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, a invité ses membres à écouter ce que les étudiants ont à dire et à respecter leur droit démocratique de boycotter leurs cours et de manifester. Il a aussi demandé au gouvernement Charest de cesser de faire la sourde oreille aux revendications étudiantes.

Pour sa part, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, se désole du peu d’écoute du gouvernement face aux revendications des étudiants, qu’il qualifie de légitimes. M. Arsenault est présentement en tournée dans des régions du Québec. Le président de la FTQ se demande qui voudrait une augmentation de 75 pour cent de ses coûts d’épicerie ou de loyer alors que c’est à cela que le gouvernement convie les étudiants en haussant les droits de scolarité jusqu’en 2016.

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Lundi, le mouvement étudiant avait donné lieu à un «sit-in» sur la rue Sainte-Catherine Est, forçant le blocage d’une partie du centre-ville de Montréal près de la rue Saint-Denis. Cependant, aucun affrontement avec la police n’a éclaté. À Québec, des accès à des bureaux administratifs de l’Université Laval ont été bloqués.

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