Procès Victoria Stafford: McClintic avait un tempérament colérique

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Publié 06/03/2012 par Allison Jones (La Presse Canadienne)

à 18h00 HNE, le 8 mars 2012.

LONDON, Ont. – Quelques heures seulement avant l’enlèvement de la petite Victoria Stafford — dont le corps sauvagement battu a été laissé à l’abandon dans un champ — l’adolescente ayant avoué l’avoir assassinée avait évoqué des problèmes de maîtrise de la colère, a appris un tribunal de l’Ontario, jeudi.

Terri-Lynne McClintic, qui purge une peine de prison après avoir plaidé coupable à l’accusation du meurtre de la fillette de 8 ans, avait mentionné le gardiennage dans ses expériences de travail antérieures lors d’une rencontre avec un conseiller en emploi. Elle avait aussi fait part de son faible niveau d’éducation pour expliquer ses difficultés à décrocher un travail.

McClintic, aujourd’hui âgée de 21 ans, doit témoigner mardi prochain au procès de son ex-petit ami Michael Rafferty, au palais de justice de London.

La Couronne argue que le duo a enlevé Victoria Stafford à sa sortie de l’école, à Woodstock en Ontario, avant de l’emmener en voiture à plus de 100 kilomètres au nord, dans une région rurale. La fillette y aurait alors été agressée sexuellement puis tuée, selon la Couronne.

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Michael Rafferty, âgé de 31 ans, a plaidé non coupable à des accusations de meurtre prémédité, d’agression sexuelle causant des blessures et d’enlèvement.

Une imposante équipe de policiers a été déployée pour fouiller sans relâche les environs après que l’enfant eut été disparue le 8 avril 2009. Après avoir cherché quelque 20 heures par jour pendant six semaines dans l’espoir de la retrouver en vie, la confession de McClintic avait asséné un coup dur aux policiers, a appris la cour.

La police avait toujours espoir que la fillette soit en vie jusqu’à ce que McClintic passe aux aveux, six semaines après sa disparition.

Un policier de Woodstock a par ailleurs fondu en larmes à la barre des témoins alors qu’il décrivait le moment où il a appris la mort de la petite Victoria Stafford.

«L’affaire d’enlèvement s’est transformée en enquête sur un homicide», a témoigné l’enquêteur Sean Kelly, sa voix brisée par l’émotion. C’était assez considérable et ç’a eu un impact plutôt important.»

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L’enquêteur a alors eu la gorge nouée, s’arrêtant pour fixer le plafond et tenter de ravaler ses larmes. «Je vais bien. On peut continuer», a-t-il fini par souffler.

Alors que Victoria Stafford vivait ses dernières heures, McClintic s’est arrêtée dans un centre d’emploi pour remplir des formulaires faisant état de ses expériences de travail et indiquant qu’elle bénéficiait de l’aide sociale, a témoigné M. Kelly.

McClintic, une autochtone non inscrite, a coché la case mentionnant un comportement colérique. Elle avait toutefois ajouté, à la main, qu’elle avait été «capable de garder le contrôle». McClintic n’a complété que sa 3e année du secondaire.

La mère avait croisé la meurtrière

La mère de Victoria Stafford a déclaré mercredi avoir rencontré à deux reprises la femme reconnue coupable du meurtre prémédité de sa fille avant la mort de la petite.

Tara McDonald a révélé à un jury de London, en Ontario, que son copain et elle avaient illégalement acheté à la mère de Terri-Lynne McClintic de l’OxyContin, un analgésique vendu sous ordonnance en pharmacie mais aussi sous le manteau.

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Mme McDonald dit s’être rendue en deux occasions à sa maison et avoir vu une fois McClintic en passant, puis à une deuxième reprise, lorsque la jeune femme de 18 ans semblait «sous l’effet de la drogue», et n’a sans doute pas remarqué qu’elle était là.

La mère a témoigné mercredi au procès de Michael Rafferty, copain de McClintic lorsque la jeune Victoria a disparu, qui a plaidé non coupable à l’accusation de meurtre prémédité et à d’autres accusations relativement au décès de la fillette de huit ans.

Maintenant âgée de 21 ans, McClintic a plaidé coupable en avril 2010.

Mme McDonald a expliqué à la cour que la mère de Terri-Lynne McClintic et elle avaient parlé de faire accoupler leur chien, mais que McClintic n’avait jamais rencontré la petite Victoria.

Mme McDonald et son conjoint avaient été invités à entrer dans une chambre et s’étaient assis sur le bord d’un matelas, la seule chose s’approchant d’un meuble dans la pièce, a-t-elle soutenu.

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«Nous nous sommes assis et nous avons commencé à discuter de nos chiens, et puis Terri-Lynne est entrée», a relaté Mme McDonald. «Elle était partie utiliser un téléphone public. Elle a remis un message à sa mère et puis s’est assise. Elle était… très, très défoncée et je ne suis pas sûre qu’elle ait même remarqué notre présence.»

Mme McDonald a confié qu’au moment de la disparition de sa fille, elle était dépendante de l’OxyContin et en avait consommé en début d’après-midi cette journée-là, mais qu’elle avait désormais cessé de prendre cette drogue et de la méthadone depuis six mois.

L’enquête a mobilisé 900 policiers

Plus tôt, mercredi, le jury a eu un aperçu des moyens importants qui ont été déployés pour retrouver l’élève de troisième année, puis pour résoudre le mystère de sa mort.

Entre la disparition de la fillette près de son école de Woodstock, en Ontario, en avril 2009, et le procès en cours, l’enquête a mobilisé plus de 900 policiers et des milliers de preuves, a dit au tribunal un enquêteur de la Police provinciale de l’Ontario.

Selon ce qui a été présenté en cour, deux éléments ont été trouvés dans une chambre de la demeure des McClintic portant le numéro de téléphone des McDonald — l’une des inscriptions émanant de la mère de Victoria Stafford, et l’autre non, selon la dame.

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Mme McDonald a décidé qu’elle ne souhaitait pas faire accoupler son chien, et bien que Carol McClintic en ait été choqué, son copain James Goris a continué d’acheter de l’OxyContin auprès d’elle. Mme McDonald n’est pas retournée à la demeure des McClintic après cet épisode.

En contre-interrogatoire, Mme McDonald a soutenu que jamais sa fille ne serait partie avec un étranger. En se préparant pour l’école ce jour-là, Victoria Stafford était dans un état «anormalement joyeux», a-t-elle affirmé.

Témoignage de son enseignante

Mardi, son enseignante avait témoigné que, durant le dernier jour de sa vie, Victoria Stafford a navigué sur le Web pour trouver des renseignements sur les plantes, a mouillé ses collants en sautant dans des flaques d’eau et a été grondée pour avoir fait des bêtises en classe.

Jennifer Griffin Murrell a également raconté à la cour que son élève avait demandé la permission de retourner à son pupitre à la fin de la journée pour récupérer une paire de boucles d’oreilles qu’elle y avait oubliée, permission qu’elle lui avait accordée.

Comme la fillette ne portait pas les boucles d’oreilles à son retour, son enseignante l’a interrogée pour savoir si elle les avait trouvées. Elle a répondu par l’affirmative et Mme Murrell lui a simplement dit qu’elles se verraient le lendemain.

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Mais elle n’a jamais revu Victoria.

La fillette âgée de huit ans a disparu peu de temps après avoir quitté l’école une minute après ses camarades le 8 avril 2009. Trois mois plus tard, son corps presque nu a été découvert dans des sacs de poubelle cachés sous un tas de cailloux dans un champ situé à environ 100 km de sa maison de Woodstock, en Ontario.

Enlèvement, agression sexuelle, meurtre prémédité

La Couronne soutient que Michael Rafferty et Terri-Lynne McClinctic, qui a déjà plaidé coupable à une accusation de meurtre prémédité, ont enlevé Victoria Stafford près de l’école avant de l’agresser sexuellement et de l’assassiner dans les heures qui ont suivi.

L’enseignante est le premier témoin de la poursuite à se présenter à la barre dans le cadre du procès de Rafferty à London. L’homme âgé de 31 ans a plaidé non coupable à des accusations de meurtre prémédité, d’agression sexuelle causant des lésions et d’enlèvement.

Un pathologiste a conclu que la petite, surnommée «Tori», avait succombé à de multiples coups de marteau à la tête et que son torse portait également des traces de coups qui lui avaient lacéré le foie et fracturé les côtes.

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La Couronne compte aussi faire témoigner des parents qui se trouvaient près de l’école le jour de la disparition, un policier et la mère de la petite, Tara McDonald.

McClintic témoignera

Par la suite, le jury entendra pendant quelques jours le témoignage de l’autre accusée, Terri-Lynne McClintic, âgée de 21 ans, qui a déjà plaidé coupable à une accusation de meurtre prémédité dans ce dossier. Elle a été condamnée à l’emprisonnement à perpétuité.

Dans sa déclaration préliminaire, lundi, au Palais de justice de London, la Couronne a fait part aux jurés de son intention de présenter des preuves d’experts démontrant que l’enfant est morte après avoir été frappée plusieurs fois à la tête avec un marteau. Kevin Gowdey a prévenu que le récit pourrait être difficile à entendre.

Le pathologiste a indiqué que la petite fille de 8 ans avait souffert de plusieurs coups qui lui ont lacéré le foie et fracturé les côtes avant que d’autres coups mortels lui aient été portés à la tête.

Les jurés devraient être appelés, pendant le procès, à se rendre sur les lieux où le corps a été retrouvé.

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