Traditions de Noël: les crèches

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Publié 20/12/2011 par Gabriel Racle

Noël s’entoure de traditions nombreuses et variées: anciennes ou récentes, locales, régionales, nationales ou internationales, artistiques, gastronomiques, commerciales, symboliques et même religieuses. C’est le cas de celles que l’on connaît sous le vocable de crèches.


Origine


Il faut rappeler que c’est le pape Libère qui, en 354, désigne le 25 décembre comme fête de la naissance du Christ. Auparavant, on ignorait cette célébration et plusieurs dates avaient été avancées pour cet événement: le 6 janvier, le 28 mars, le 19 avril ou le 29 mai.


Venu d’Orient avec les légions romaines, se répandait alors le culte de Mithra, divinité solaire, fêté le 25 décembre. Et le nouveau calendrier julien, imposé par Jules César, fixait au 25 décembre le solstice d’hiver et donc ses festivités.


La fête hivernale de la nativité, placée à cette date pour contrecarrer ces manifestations, repose sur cette décision et n’a aucun fondement dans les textes évangéliques. Mais, c’est dans l’un d’eux que la tradition des crèches trouvera son origine, l’évangile de Luc qui écrit que Marie «enfante son fils, son aîné. Elle l’emmaillote et le couche dans une mangeoire». Il n’y avait pas de place ailleurs pour elle et son mari.


La crèche


Le mot crèche désigne à l’origine une mangeoire pour les animaux. Ce mot serait d’origine francique, la langue des anciens Francs, sous la forme krippia, qui a donné crèche en français, crib en anglais, Krippe en allemand. L’emploi de ce mot dans le contexte de Noël semble tardif.


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Des textes anciens rapportent qu’à partir du VIe siècle, la célébration de Noël qui se déroulait à Rome dans l’église Sainte Marie de l’Incarnation (maintenant Ste Marie Majeure) se faisait autour d’une mangeoire. Cette église possédait comme reliques des planches de la mangeoire et des langes de l’enfant Jésus. Mais on ne parle pas de crèche.


On attribue à François d’Assise la création de la première crèche, en 1223, à Greccio, une ville d’Italie. Il aurait demandé à un ami d’installer une mangeoire avec du foin dans une grotte, en faisant venir un âne et un bœuf, et tous les habitants du village, qui assistaient à une messe nocturne, avec des cierges. La nouvelle de cette célébration s’est propagée et elle fut imitée en de nombreux endroits en Italie et en Provence.


La grotte, confondue parfois avec l’étable de la mangeoire, provient d’une autre tradition, le Protévangile de Jacques, un texte du IIe siècle, ainsi appelé parce qu’il raconte des événements antérieurs aux évangiles. «En rase campagne Joseph ne trouve comme abri qu’une grotte où il laisse Marie sous la garde de ses fils.» Rome ne reconnaît pas ce texte mais s’en inspire cependant.


Reproductions


Les premières crèches fabriquées artificiellement apparaissent dans les églises au XVIe siècle. À noter qu’il s’agit des églises affiliées à Rome, qui célèbrent Noël le 25 décembre.


Ce sont d’abord de grands modèles, comportant animaux et personnages, y compris des anges, matérialisés pour la circonstance. La tradition attribue aux Jésuites la création et la diffusion de ces crèches, pour utiliser l’effet émotionnel de ces figurations populaires, qui s’enrichissent de personnages représentatifs du milieu local: paysans, bergers, et, au jour dit, des mages.


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Les modèles se sont par la suite réduits pour donner lieu à des crèches familiales que l’on plaçait dans les maisons. Ces crèches étaient en bois, en carton, en papier et parfois même en pain d’épices. Elles seraient apparues au XVIIe siècle et se seraient réellement développées au XVIIIe siècle, particulièrement à Naples dans les demeures aristocratiques.


Si les crèches napolitaines sont célèbres, celles de Provence, en France, le sont tout autant, qui remonteraient au XVIIIe siècle, avec leurs nombreux personnages typiques de cette région, les santons, d’un mot provençal signifiant petits saints, des figurines très colorées.


Le Réseau canadien d’information sur le patrimoine, indique que la crèche de Noël faisait déjà partie des traditions religieuses importées au début de la Nouvelle-France.


Sous le sapin


Toutefois, c’est seulement à partir de 1875 qu’elle commence à pénétrer dans les maisons et à s’intégrer aux usages familiaux. Puis le sapin s’est implanté, au pied duquel on trouvait une crèche, entourée par la suite d’un village aux maisons illuminées. Mais la crèche a disparu dans bien des cas.


Les archives publiques de l’Ontario montrent que les décorations des grands magasins comportaient aussi des représentations de crèches, comme à Toronto. Mais le centre international des crèches se trouve au Québec, à Rivière-Éternité. On peut y voir une collection impressionnante de plus de 400 crèches, en provenance de nombreux pays.


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La Société d’histoire de Sherbrooke propose «La crèche de Noël, une tradition aux mille visages», qui montre à quel point la tradition des crèches de Noël est bien ancrée dans la culture d’un lieu ou d’un pays. Malgré la commercialisation de Noël, la tradition des crèches subsiste encore… ici ou là!

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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