Il est cinq heures du matin. Ma jeep est arrêtée. Avec le guide, nous gardons le silence. Lui, parce qu’il traque le prédateur en chasse, moi parce que la beauté sauvage des plaines arides du Masaï Mara me laisse sans voix. Un discret coup de coude me sort de ma contemplation. Je suis des yeux le doigt pointé vers l’Est et je vois. Un guépard à l’affût. Il est maigre. Il a faim. Soudain, en silence, le félin se met en mouvement. Il trotte, passe devant le véhicule et va se tapir un peu plus loin dans les herbes jaunes.
Il a vu quelque chose qui nous échappe. Il est tout près et ne nous accorde pourtant pas la moindre attention. Moment de grâce avant qu’il ne bondisse et disparaisse de notre vue, tout occupé à traquer sa proie.
Masaï Mara
Les chances d’observer les Big Five (appellation anglaise qui désigne les cinq animaux les plus difficiles à attraper, soit les éléphants, les lions, les rhinocéros, les buffles et les léopards) sont légion dans ces deux parcs nationaux du Kenya et de la Tanzanie. Il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour les voir affluer.
Dans la réserve du Masaï Mara, la voiture s’arrête sur la piste devant quatre lionnes couchées en travers de la route. Peu incommodées par notre présence, elles se contentent de refermer les yeux après avoir longuement bâillé.
Elles ne daigneront se pousser que lorsque leur digestion sera terminée. En attendant, on éprouve notre patience et notre résistance à la température qui monte en flèche. Non loin de là, un groupe de dik-diks – des antilopes naines- broutent l’herbe sèche.