Cannes: un festival sur ses gardes

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 10/05/2016 par Jacqueline Brodie

C’est sous haute surveillance que se déroule cette année, du 11 au 22 mai, la plus grande célébration du cinéma mondial: le célèbre Festival de Cannes. Verrons-nous, au fil des jours, des tireurs d’élite postés au faîte des palmiers de la Croisette? Allez savoir…

Dans une France convalescente, traumatisée par les attentats qui l’ont profondément blessée, une France toujours en état d’urgence, la protection du Festival s’imposait. Quelle cible en effet, pour les fanatiques, ennemis des bonheurs de la culture, pourfendeurs de ses manifestations publiques, que ce gigantesque rendez-vous d’artistes, de créateurs, de gens d’affaires et d’intellectuels, où s’expriment et s’affichent en toute liberté, opinions et créations de toutes tendances.

Aussi les autorités ont-elles mené – trois semaines auparavant – une opération préventive. Simulant une attaque terroriste du Palais des Festivals et simultanément, d’un autre secteur cannois, toutes les forces de l’ordre ont participé à l’exercice.

De grandes manœuvres, rapporte-t-on, avec faux terroristes cagoulés, simulation de prise d’otages, faux blessés et plus de 200… vrais figurants. De quoi rassurer les festivaliers? Pas sûr… On se garde une petite méfiance malgré des dispositifs de sécurité renforcés.

Au bonheur des cinéphiles

Plus que jamais, les œuvres sélectionnées toutes sections confondues, sont autant de promesses de découvertes que de bonheur à retrouver nos cinéastes préférés.

Publicité

Tournoi des maîtres, cette compétition! Bienvenue au club des palmés. Vingt et un combattants en lice pour la Palme d’Or 2016; parmi eux, onze furent lauréats à divers titres. Petit tour de piste rappelant leurs faits d’armes et annonçant leur dernier cru.

Les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne: deux fois Palme d’Or. (1999 pour Rosetta; 2005 pour L’Enfant); Grand Prix en 2001 pour Le Gamin au vélo; Prix du scénario en 2008 pour Le Silence de Loma. Les incontournables réalisateurs belges présentent cette année La Fille inconnue.

Le Britannique Ken Loach: Palme d’Or en 2006 pour The Wind That Shakes The Barley et deux Prix du Jury. Il revient avec I Daniel Blake.

Cristian Mungiu: Palme d’Or en 2007 avec 4 mois 3 semaines et 2 jours, en 2012, Prix du meilleur scénario et double prix d’interprétation féminine pour Au-delà des collines. Le réalisateur roumain présente cette année Bacalaureat.

Retour aussi du Français Bruno Dumont: Grand Prix du Jury et Prix d’interprétation aux deux acteurs non-professionnels pour L’Humanité en 2009. Il présente Ma Loute.

Publicité

Pedro Almodovar, le flamboyant espagnol: deux fois primé (meilleure réalisation pour Tout sur ma mère en 1999 et Prix d’interprétation féminine à toutes les actrices de Volver en 2016). Il nous propose Julieta.

Andrea Arnold, la réalisatrice anglaise à la signature hautement distinctive – deux fois Prix du jury (pour Red Road et Fish Thank) – présente American Honey.

Le Sud-Coréen Park Chan-Wook – un Grand Prix pour Old Boy en 2004 – présente Agassi (Mademoiselle).

Le Philippin Brillante Mendoza – Prix de la meilleure réalisation en 2009 pour Kinatay – présente Ma’ Rosa.

Du Danois Nicolas Winding Refn – Prix de la mise en scène en 2011 pour son fracassant Drive – nous verrons The Neon Demon.

Publicité

Le plus indépendant des réalisateurs américains, Jim Jarmush – lauréat du Grand Prix en 2005 avec sa singulière histoire de fantômes Only Lovers Left Alive – présente Patterson.

Et enfin, le lauréat du Prix du jury en 2014 pour son fulgurant Mommy, Xavier Dolan, notre étoile nationale, revient sur la Croisette avec sa dernière création Juste la fin du monde, une coproduction Canada-France.

Le jeune prodige – 27 ans, sept longs métrages dont six furent invités au Festival de Cannes dans diverses sections et l’autre au Festival de Venise – n’en est pas à une prouesse près. Ne fut-il pas l’année dernière, membre de l’illustre jury présidé par les célèbres et indissociables frères Coen!

Miller et Sutherland

Un jury de la Compétition officielle présidé par l’Australien George Miller (Mad Max) et qui, cette année, compte parmi ses membres un Canadien dont la réputation a fait le tour du monde: le fabuleux acteur Donald Sutherland.

Toujours superbe à 80 printemps, plus de 200 films et spectacles à son actif, Sutherland, natif de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, connut son premier grand succès en 1970 avec M.A.S.H. de Robert Altman.

Publicité

Encore aujourd’hui recherché pour son immense talent et sa formidable prestance, Il a joué, entre autres, pour les plus grands réalisateurs européens: Claude Chabrol, Louis Malle, Bertolucci, et Fellini qui le persuada d’incarner Casanova.

Sa contribution au cinéma canadien est notable. Citons entre autres: Act of the Heart avec Geneviève Bujold; Bethune, the Making of a Hero; Alien Thunder; Murder by Decree; Threshold.

Les Canadiens sont là

«Ils sont partout, ces Canadiens!», maugréeront les jaloux. C’est presque vrai. Le Festival a invité Marie-José Croze à siéger au Jury de la Cinéfondation et des courts métrages. L’actrice québécoise qui fait désormais carrière en France, avait remporté le prix d’interprétation féminine à Cannes en 2003 pour son rôle dans Les Invasions barbares de Denys Arcand.

Côté courts métrages, Oh What a Wonderful Feeling, une production du Québec (La Boîte à Fanny), réalisation de François Jaros, est en sélection dans la section parallèle La Semaine de la critique.

Au programme de la prestigieuse Quinzaine des réalisateurs, spécialiste des découvertes, rampe de lancement de nombreux créateurs aujourd’hui consacrés, de Martin Scorsese à Ken Loach, de Denys Arcand et Atom Egoyan aux frères Dardenne, deux films canadiens qui seront projetés en première mondiale: Two Lovers and a Bear du Québécois Kim Nguyen (Rebelle) et Mean Dreams, deuxième long métrage du Torontois Nathan Morlando.

Publicité

Café Society, dernier né du réalisateur américain Woody Allen, présenté en ouverture –mais hors compétition, selon le désir du légendaire octogénaire – donne le ton à cette 69e édition du Festival, savant équilibre entre valeurs sûres et découvertes.

À suivre…

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur