Les Huguenots d’Opera in Concert: amour et fanatisme religieux


Opera in Concert (OIC) ouvrira sa saison 2011-2012 en présentant Les Huguenots (1836) de Giacomo Meyerbeer, grand opéra français rarement interprété en Amérique du Nord, au Jane Mallett Theatre, St Lawrence Centre, dimanche 27 novembre, à compter de 14 h 30. L’œuvre qui sera chantée en français, inclura plusieurs artistes chevronnés dont deux francophones: la soprano Raphaëlle Paquette de Montréal qui fera ses débuts avec OIC et la basse Alain Coulombe établi dans la Ville Reine et bien connu du public torontois, contactés par L’Express.


L’œuvre de Meyerbeer représente l’histoire du fanatisme religieux dans la France de 1572 ayant entraîné l’assassinat de quelque 3000 protestants par les catholiques à Paris durant la nuit de la Saint-Barthélémy.


Les protestants français alors appelés «les huguenots», étaient considérés comme des «religionnaires» selon les actes royaux décrivant le protestantisme telle une «religion prétendue réformée».


Au cœur de cette guerre sainte se dessine un amour interdit entre Valentine, femme de chambre catholique au service de la reine Marguerite de France et Raoul de Nangis, huguenot de la noblesse française.


Au XIXe siècle, la production a dû trouver sept interprètes de tout premier plan pour jouer les rôles principaux exigeant une vocalité exceptionnelle; les représentations devinrent célèbres sous le thème des «Nuits aux sept Étoiles».


OIC reprend cette grande fresque historique en proposant un concert empreint des plus belles voix parmi nos chanteurs contemporains d’opéras, dont les sopranos Raphaëlle Paquette et Leslie Ann Bradley, la mezzo-soprano Isamina Pataca, le ténor Edgar Ernesto Ramirez, la basse Alain Coulombe, le baryton Johnathon Kirby, sous la direction artistique de Robert Cooper et la direction musicale du pianiste Michael Rose.


Soprano colorature


On décrit Raphaëlle Paquette comme une artiste «d’une rare élégance brûlant les planches par sa grande présence scénique et son interprétation envoûtante.» Sa voix unique de «soprano colorature» lui permet d’explorer un répertoire varié qui séduit les plus exigeants publics: «Une voix pure, agile et chaleureuse, dotée d’une étonnante musicalité», selon les critiques.


Rappelons qu’en 2004, Raphaëlle a incarné le rôle de Cristal dans la version lyrique de la célèbre production Starmania de Luc Plamondon commandée par l’Orchestre Symphonique de Montréal et reprise à Québec, Ottawa, Séoul et Paris.


Grâce à sa formation solide en chant classique, 11 années de piano et neuf ans de danse classique, sa voix exceptionnellement souple et son puissant jeu de scène, Raphaëlle Paquette figure parmi les étoiles montantes de l’art lyrique canadien.


Vocalises rapides


«Je suis ravie de me joindre à OIC dans la Ville Reine pour une première fois. Ce sera un défi captivant de monter ce concert en moins d’une semaine de pratiques», a confié la soprano qui jouera le rôle de la reine Marguerite. Le groupe d’artistes se retrouvera 21 novembre à Toronto pour débuter les répétitions.


La reine Marguerite, avant-gardiste et considérée comme révolutionnaire parce qu’elle s’opposait aux conflits à caractère religieux, joue un rôle de premier plan dans le deuxième acte.


Selon Raphaëlle, son registre de soprano colorature sied particulièrement bien à ce rôle où sa voix très haute «s’associe facilement à des vocalises rapides» dans un contexte d’expression intense en émotions.


La soprano préférant chanter des opéras issus du répertoire français et du bel canto, souhaite, entre autres, se joindre à la Canadian Opera Company (COC).


Acteur-chanteur


Alain Coulombe est l’un des chanteurs les plus passionnants de sa génération. Le public et la critique apprécient «sa grande musicalité, la polyvalence de son jeu d’acteur et l’unicité de son puissant timbre de basse profonde enrichi d’un velouté souvent invoqué pour le caractériser.»


Tant le public que la critique internationale saluent «sa passion évidente pour son double métier d’acteur-chanteur et l’implication absolue dont il fait montre pour chacune de ses interprétations, autant à la scène lyrique qu’au concert.» Alain ayant interprété une quarantaine de rôles auprès de la COC en 14 ans, jouit d’une brillante carrière tant au Canada, aux États-Unis qu’en Europe.


«J’aime de plus en plus les rôles intenses et dramatiques», déclare l’interprète. Selon Alain, sa voix de basse «se prête aisément aux grands opéras français ainsi qu’au répertoire de Verdi.»
 Dans Les Huguenots, le chanteur joue le rôle de Marcel, vieux domestique de Raoul et soldat huguenot fondamentaliste.


Membre de l’armée luthérienne, Marcel condamne la relation amoureuse de son maître et participe avec ardeur à la tragédie où s’affrontent les sentiments humains et les feux de la haine animés par les différences religieuses.


Deux premières mondiales


Cette année, le chanteur basse participe à deux premières mondiales: il joue présentement le rôle de feu Lieutenant Gordon Muriel Flowerdew, combattant de la Première Guerre mondiale, dans l’opéra Mary’s wedding du compositeur Andrew MacDonald au Pacific Opera de Victoria jusqu’au 20 novembre et fera ses débuts au Netherlands Opera en juin 2012 en incarnant le légendaire Clark Gable dans Waiting for Miss Monroe de Robin de Raaff.


Alain Coulombe compte plusieurs enregistrements ainsi que de nombreuses captations radiophoniques en direct lors de performances livrées à l’opéra ou en concert à travers l’Amérique du Nord.
 L’artiste aspire à poursuivre sa carrière sous le signe «d’un bel équilibre de participation à des opéras tant en Amérique du Nord qu’en Europe.»