Levée de boucliers contre le vérificateur unilingue

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Publié 08/11/2011 par l-express.ca

Au lendemain de la ratification de la nomination d’un vérificateur général unilingue, Michael Ferguson, par la Chambre des communes et le Sénat, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a déposé, vendredi, une plainte auprès du commissaire aux langues officielles.


Le commissaire Graham Fraser avait déjà annoncé son intention d’enquêter sur cette nomination. En se joignant à la liste grandissante des plaignants, la FCFA veut «l’encourager à intervenir de façon particulièrement musclée dans cette affaire».


«En choisissant le nouveau vérificateur général, on a passé outre à un des critères d’embauche pourtant clairement indiqué dans l’avis de poste vacant. Comment, alors, pourra-t-on prendre au sérieux à l’avenir tout avis de poste vacant ou offre d’emploi du gouvernement du Canada précisant que la maîtrise des deux langues officielles est essentielle?», se demande la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny.


Suggestion plutôt qu’obligation


Dans sa plainte, la FCFA indique qu’en traitant ce critère de maîtrise des deux langues officielles comme une suggestion plutôt qu’une obligation, et en affirmant par la suite que le candidat a été choisi en fonction du mérite, les institutions chargées de sélectionner le nouveau vérificateur général ont contrevenu à leur obligation, sous la partie VII de la Loi sur les langues officielles, de prendre des mesures positives pour promouvoir la pleine reconnaissance et l’usage du français et de l’anglais dans la société canadienne.


«Quel effet cette décision aura-t-elle sur la perception qu’ont les Canadiens et les Canadiennes des avantages du bilinguisme et, par contrecoup, de l’égalité des deux langues officielles? Pour les Canadiens et les Canadiennes qui ont fait des efforts pour acquérir cette maîtrise des deux langues officielles, le message est dévalorisant», souligne Mme Kenny.


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Une démission


La FCFA se dit par ailleurs désolée d’apprendre que la nomination de ce nouvel officier unilingue du Parlement aurait eu pour résultat, vendredi, la démission d’un haut placé au bureau du vérificateur général.


En effet, M. Michel Dorais, membre du comité de vérification interne, a démissionné parce qu’il estime que la nomination d’un vérificateur unilingue en 2011 constitue une grave erreur de parcours.


La liste s’allonge


Selon la FCFA, cette nomination d’un vérificateur général qui ne parle pas le français «s’ajoute à une liste grandissante de gestes qui signalent un recul de cette langue à plusieurs niveaux de la sphère politique et de la fonction publique».


«On a vu la nomination d’un directeur des communications unilingue anglophone au bureau du premier ministre, puis celle d’un juge unilingue anglophone à la Cour suprême, sans compter les cartes d’affaires unilingues du ministre des Affaires étrangères», s’insurge Mme Kenny.


«À un certain moment, il faut additionner tout ça et demander sérieusement quelle importance le gouvernement accorde à son engagement en termes concrets.»


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La Fédération note qu’il n’y a pas eu de vérificateur général unilingue depuis 20 ans au Canada.


«Le soir des élections fédérales, le 2 mai dernier, le premier ministre a indiqué que son gouvernement représenterait tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. «Est-ce que les 9 millions de francophones au pays se reconnaissent dans tous ces gestes posés par notre gouvernement?», note Mme Kenny.


Les libéraux boycottent le vote


Le caucus libéral a boycotté le vote sur la nomination du nouveau vérificateur général, et son porte-parole en matière de langues officielles, Mauril Bélanger, est l’un de ceux qui ont porté plainte au commissaire aux langues officielles.


Les députés du Nouveau Parti démocratique ont participé au processus, mais ils ont voté contre la nomination de M. Ferguson.


«Lorsque l’on aspire à un poste dans les hautes sphères de la fonction publique, nous savons tous que le bilinguisme est plus qu’un atout, c’est une nécessité», estime M. Bélanger. «Comment se fait-il qu’un candidat unilingue ait obtenu un poste dont la description mentionnait sans équivoque la nécessité de parler les deux langues officielles?»


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Le député d’Ottawa-Vanier fait également remarquer que le vérificateur général occupe une fonction clé dans notre gouvernement: celle de s’assurer que nos processus démocratiques se font de manière juste et équitable. «Il doit donc être en mesure d’étudier les dossiers qui lui sont présentés dans toutes leurs nuances, en français comme en anglais.»


«Lorsque certains critères jugés essentiels ont été définis, ne pas les respecter constitue une violation des règles fondamentales de la justice naturelle», a ajouté le chef libéral Bob Rae. «Nous ne pouvons tout simplement pas admettre que, comme on l’a répété invariablement, c’est le meilleur candidat qui a été retenu.»


Au Conseil des arts aussi


Il n’y a pas qu’un nouveau juge et que le vérificateur général qui ne parlent pas français. Une chroniqueuse du Journal de Montréal, Sophie Durocher, faisait remarquer récemment qu’un unilingue anglophone, Joseph L. Rotman, est président du Conseil des arts du Canada, et ce depuis juillet 2008.


«Joseph L. Rotman prononce ses discours en anglais uniquement», écrit Sophie Durocher. «Quand il y a des francophones dans la salle, c’est le vice-président, le québécois Simon Brault, qui prononce un discours en français. (…) J’ai demandé à Simon Brault si ça ne le dérangeait pas d’être en quelque sorte le ‘francophone de service’. ‘C’est un accommodement raisonnable’ m’a-t-il répondu.»

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