La langue des Dénés, ce peuple du Grand Nord canadien, semble liée à un groupe de langues parlées à plus de 4000 km de là, à l’autre bout de la Sibérie.
C’est la première fois qu’un lien convaincant est établi à une aussi grande distance entre une langue amérindienne et une langue asiatique, et s’il en est ainsi, c’est parce que ce n’est pas facile. Le lien avec les langues dites ienisseïennes (au nombre de six, dont quatre sont éteintes) remonte à plus de 5000 ans, et probablement à plus de 10 000 ans, ce qui est loin au-delà de ce que les linguistes considèrent être la limite pour établir de telles filiations entre deux langues.
Ce sont de nouvelles méthodes, développées dans la dernière décennie et faisant appel à la statistique — en comparant un maximum de sons, de mots et de règles grammaticales entre plusieurs langues — qui redonnent espoir aux linguistes. Ces méthodes ont d’abord été testées sur des langues européennes voisines, mais des universitaires comme l’Américain Edward Vajda s’attaquent à présent à de plus gros morceaux.