ORA au TIFF: une surprise pour les yeux

Le premier film et stéréoscopie et infrarouge

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Publié 06/09/2011 par Guillaume Garcia

Niveau prise de vue, cadrage, technique de réalisation, les amateurs de cinéma ont eu la chance de découvrir au fil des années des projets de toutes formes, mais ils n’ont jamais vu ce qu’ils pourront découvrir au TIFF les 14 et 15 septembre prochains. Le dernier court-métrage de Philippe Baylaucq, ORA, a été tourné en stéréoscopie, pour la 3D et en caméra thermographique infrarouge. Il en résulte un film avec des images jamais vu auparavant, des corps en mouvement que l’on distingue simplement par leur chaleur corporelle. Ce film conclut une résidence de deux ans à l’Office national du film.

Le Franco-Ontarien (de Kingston) Philippe Baylaucq a choisi de profiter de sa résidence à l’ONF au maximum et décidé de produire un film sans les complications marchandes occasionnées par les films à but commerciaux.

«J’ai fait un film que l’on peut seulement faire à l’ONF, un film de recherche et développement pur. J’ai été voir le stéréolab, où ils travaillent sur la stéréoscopie et j’avais déjà des idées de l’exploration du corps en mouvement. J’étais très inspiré par la peinture abstraite, les dessins de Kandinsky.»

En 3D et infrarouge

Mais la stéréoscopie a déjà été utilisée dans de nombreux films et cela revient à la mode comme on a pu le voir avec tous les récents films en 3D.

Philippe Baylaucq a donc tenté de trouver comment la stéréoscopie n’avait jamais encore été utilisée et il en est venu à la conclusion que la seule possibilité qui s’offrait à lui était de le faire avec des caméras thermiques.

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C’est donc le premier film à avoir été tournée sans éclairage. «De telles caméras existent pour des utilisations telles que l’observation des pertes de chaleur, mais il n’y en a pas en haute définition.

L’armée américaine en a et j’ai réussi à contacter l’ingénieur qui les a fabriquées. Nous ne pouvions pas sortir du territoire des États-Unis et il devait toujours être là avec les caméras.»

Tourné donc aux États-Unis, dans une ancienne forge, ORA met en scène plusieurs danseurs déshabillés, mais que l’on voit uniquement grâce à leur chaleur corporelle. Sur le plateau, tout ce qui pouvait émettre de la chaleur devait être caché, toute prise électrique, tout objet quelconque, pour ne pas apparaître lors de la prise de vue.

«Tout avait sa couleur, sa température, on a tourné dans un décor circulaire fait en papier aluminium et pour la troisième partie, du papier aluminium au plafond et au sol, pour refléter la chaleur.»

Dévoiler le corps en mouvement

Philippe Baylaucq avait déjà travaillé avec José Navas sur le mouvement du corps dans son film LODELA, pour lequel il avait reçu la Mention spéciale par le Jury du Prix John Spotton pour le meilleur court métrage canadien au TIFF en 1996. Il a rappelé le chorégraphe pour créer les mouvements de ORA.

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«Je voulais lui donner le plus de liberté possible. On a eu beaucoup de discussions, on a fait des essais sur les effets, avec les premières caméras que l’on a eues, jusqu’à atteindre l’harmonie qu’on voulait. On savait juste qu’on ne voulait pas perdre l’être humain au profit de la technique», explique le réalisateur.

Les caméras infrarouges captent la chaleur des corps et des objets et la retranscrivent en haute définition, mais en noir et blanc, avec jusque 10 000 teintes de gris entre le blanc (chaud) et le noir (froid).
«Ensuite on peut assigner des couleurs aux tons de gris. J’avais déjà fait l’expérience avec les caméras pas HD, qui ont des palettes de couleurs intégrées, donc je savais à peu près ce que je voulais et ce que ça pouvait donner», poursuit Philippe Baylaucq.

Le résultat est saisissant, avec une quinzaine de minutes de mouvement de corps que l’on suit par le déplacement de leur chaleur corporelle. Certains passages évoquent les origines de la vie, dans une perspective darwinienne», indique le réalisateur. L’eau est très présente, que ce soit dans la musique ou dans la mise en scène.

«C’est vraiment une œuvre de collaboration, avec le compositeur, le chorégraphe et moi-même. Mais il y a aussi le monteur, les techniciens graphistes. Il y a plusieurs pôles de créations qui se parlent pour créer une harmonie.»
tiff.net/filmsandschedules/tiff/2011/ora
blogue.onf.ca/2011/08/09/ora-danse-et-innovations-techniques/

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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