Inégalités devant l’emploi, barrières de langue, solitude et sentiment de perdition: de nombreux rapports fleurissent sur les difficultés d’être francophone en milieu minoritaire. Devant ce portrait aux contours peu flatteurs, on en oublie parfois que le simple fait de vivre en français à Toronto peut finalement s’avérer être agréable, même bin chouette, serait-on tenté de dire.
Agréable parce que des choses qui, ailleurs, pouvaient sembler acquises s’enveloppent ici d’un petit goût d’inédit. Elles deviennent alors un de ces petits plaisirs de la vie qu’on savoure lentement, entre deux tranches de quotidien, tel un bonbon léger et rafraîchissant.
Ainsi, vendredi dernier, l’endroit «tendance» par excellence, ou encore «du moment», si vous préférez, n’était pas le dernier club branché de l’Entertainment District, sur Adélaïde. Il s’agissait au contraire d’un bar torontois intimiste, modeste d’apparence mais plaisant comme pas deux, situé dans le quartier toujours achalandé de l’Annex.
«Ça fait longtemps que je n’avais pas dansé comme ça, avec mon cœur.» Cette confession d’une jeune femme se préparant à aller rejoindre son lit après avoir sautillé toute la nuit se retrouvait aux lèvres de plusieurs, alors qu’ils quittaient le club Tranzac, samedi dernier, aux petites heures du matin.
«Au Québec, je n’allais jamais voir des chansonniers en spectacle. Ils ne m’intéressaient pas vraiment. Mais à Toronto, c’est comme s’ils avaient acquis une nouvelle valeur à mes yeux, un charme particulier. Ça me rappelle tout simplement l’endroit d’où je viens», confiait cet autre danseur, le temps d’une pause, avant de repartir de plus belle sur la piste.