Comment s’adapter aux évolutions du marché du travail?

Pénurie de travailleurs

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Publié 12/04/2011 par Céline Saday

L’Ontario produit-il trop de penseurs-chercheurs et pas assez de travailleurs manuels?

Il y a encore quelques décennies pourtant, l’université représentait pour les étudiants une source certaine d’endettement, mais aussi une garantie d’emploi sûre pour ceux encore indéterminés quant à leur avenir professionnel.

Alors que la province s’apprête à traverser d’ici dix ans une des plus graves pénuries de main-d’œuvre de son histoire, les métiers spécialisés tels que boulanger ou coiffeur, accessibles grâce à un certificat d’aptitude professionnelle après le secondaire, sont les meilleurs pourvoyeurs d’emploi en Ontario.

Collèges vs universités

Faut-il laisser pour compte les universités en prenant pour acquis que seuls les collèges pourront répondre à la pénurie de main-d’œuvre étant donné que celle-ci touche en majorité des emplois techniques?

Un non-sens si l’on en croit une information du ministère de l’Éducation de 2005 selon laquelle 80% des emplois futurs nécessiteront plus qu’un diplôme secondaire. En conséquence, tout le secteur de l’éducation et de la formation doit travailler en concertation.

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Une redéfinition des rôles?

Françoise Mougeon, professeure au Collège Glendon de l’Université York et spécialiste de l’éducation postsecondaire et de la recherche, préfère orienter la réflexion sur le mandat des établissements d’éducation.

«Notre province se trouve au cœur d’un questionnement sur la redéfinition des rôles des collèges et des universités, mais on ne peut pas reprocher aux premiers d’être trop techniques et aux seconds de privilégier la formation des esprits», souligne la professeure, tout en rappelant que ces institutions sont présentement en pourparlers afin de réfléchir à la possibilité de créer des programmes de formation conjoints afin de mieux s’adapter aux évolutions du marché du travail.

Ameéliorer l’orientation des jeunes

Un autre effort est aussi de réfléchir à l’information à donner aux jeunes. Notre société moderne où les études universitaires sont plus accessibles a aussi un grand défaut: celui de considérer ces mêmes études comme la norme à atteindre, balayant d’un revers de main toutes les autres opportunités d’études et de carrières.

À ce sujet, Martin Cadieux, agent de communication à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), tire la sonnette d’alarme: «il ne suffit pas de diriger un jeune vers l’université sous prétexte qu’il réussit à l’école», clame-t-il.

Il précise en effet que l’université n’est pas universelle: elle ne correspond pas à tous les profils des 15-30 ans même si elle se retrouve souvent dans les conversations des jeunes qu’il encadre au quotidien à la FESFO.

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Deux langues, deux parcours d’études

Selon Françoise Mougeon, l’Ontario porte aussi une particularité linguistique unique au Canada. En deçà d’une anglophonie majoritaire, la province s’appuie sur une communauté francophone disséminée. Si le choix de carrière varie beaucoup selon le sexe, il varie aussi selon l’appartenance du jeune à une communauté linguistique plutôt qu’à une autre.

«Les Franco-Ontariens ont tendance à privilégier les formations courtes du collégial, affirme-t-elle, on attribue cela à leurs racines ouvrières héritées des mineurs canadiens-français qui ne pouvaient offrir des études universitaires à leurs enfants, mais c’est encore valable aujourd’hui».

Toujours selon la professeure, cette situation apporte aussi son grain de sel à la mécanique pas toujours évidente du passage de la vie scolaire au marché de l’emploi, en créant une pénurie de francophones dans le secteur des services.

Pour plus d’informations sur la pénurie de main-d’œuvre en Ontario, nous vous invitons à écouter les reportages de la campagne de sensibilisation provinciale que la station CHOQ-FM 105,1 a consacrée à ce sujet, au www.choqfm.ca

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