Le Conference Board du Canada prévoit que 200 000 emplois seront à combler dans moins de dix ans en Ontario et cette proportion pourrait plus que doubler à l’horizon de 2030. Mécaniciens, coiffeurs, cuisiniers, pour n’en citer que quelques-uns, nous faisons tous régulièrement appel aux services de ces professionnels sans jamais avoir à l’idée que nous pourrions un jour en manquer.
Avec le départ massif à la retraite des baby-boomers, le vieillissement de la population, la faible natalité et une immigration importante mais toujours insuffisante, moins de jeunes intègrent le marché du travail.
Ainsi, la province s’apprête à subir les conséquences des décisions du passé. En plus de réévaluer les besoins en immigration et de prendre des mesures visant à encourager la natalité, les gouvernements, organismes et entreprises ont un défi de taille: celui de renverser la tendance déjà engagée. À commencer par raviver la motivation des 15-30 ans pour les études professionnelles.
Vive le travail manuel
Selon Christiane Scholfield, directrice des communications chez Compétences Canada, cette pénurie est largement attribuable à une mauvaise image du travail manuel: «Les métiers spécialisés sont dévalorisés en société, car on a l’image de quelqu’un qui a les mains sales, qui n’est pas éduqué, qui ne sait pas écrire, mais ce ne sont que des préjugés, s’écrie-t-elle. Bien au contraire, les travailleurs manuels qui construisent nos maisons ou qui fabriquent nos autos sont assistés de machines-outils, reçoivent une formation pointilleuse et sont habituellement très bons en mathématiques!».
Le plus inquiétant étant que le besoin crée la demande. «Il y a une fatalité», souligne la spécialiste, «Monsieur et madame tout-le-monde vont réaliser trop tard pourquoi la réparation de voiture ou de leur plomberie se fait moins vite ou moins bien qu’avant.»