QuébecLeaks: un nouveau site poil à gratter

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Publié 29/03/2011 par Guillaume Garcia

WikiLeaks, Julien Assange sont des noms qui résonnent dans vos oreilles comme des buzz médiatiques liés aux fuites diplomatiques qui ont fait la Une des journaux voilà quelque temps. Mais le nom de Luc Lefebvre ne vous dit certainement rien, tout comme QuébecLeaks. Le site de fuites en ligne WikiLeaks a lancé la mode de ce que l’on appelle communément des sites de «leaks», ou de fuites. Il y a eu BrusselsLeaks, OpenLeaks et également FrenchLeaks. Le dernier né du genre se nomme QuébecLeaks et, comme on peut l’imaginer, s’intéresse particulièrement à la province francophone. L’Express a demandé à Luc Lefebvre, porte-parole du site, et instigateur de l’idée, d’expliquer quel est l’objectif de QuébecLeaks et comment traiter la tonne d’information qu’ils reçoivent.

Le 9 mars dernier, le premier «post» était publié sur le site QuébecLeaks. Les premiers paragraphes donnent le ton sur qui ils sont et ce qu’ils veulent: «L’organisation compte actuellement une trentaine d’experts et de professionnels de divers domaines d’activités dont le droit, la finance, le journalisme, la communication, la sécurité et l’informatique. En y allant de cette initiative, QuébecLeaks souhaite donner aux Québécois des outils pouvant permettre d’améliorer l’accès à l’information. Le Québec souffre d’un manque de transparence et d’éthique ainsi que d’une sclérose sur le plan politique et institutionnel. Les lois canadiennes et québécoises d’accès à l’information, par les contraintes qu’elles posent au travail journalistique, finissent trop souvent par nuire au droit du public à l’information.»

Chaque site est différent

Luc Lefebvre a eu l’idée de lancer un tel site en décembre 2010. Il enregistre le nom de domaine du site et lance l’idée sur son compte Twitter. Quelques semaines plus tard, une personne le contacte. À partir de là, tout s’accélère et le site voit le jour le 9 mars. Grand fan des sites de fuites en ligne, il a étudié et comparé les différents modèles de sites, avant de déterminer à quoi ressemblerait QuébecLeaks.

«C’est intéressant que chaque site ait un concept différent, ça démontre bien la réalité des endroits. C’est personnalisé par les localités.»

Alors qu’un site comme WikiLeaks se contentait de déverser des flots incessants d’information sur la toile, sans forcément les analyser, d’autres sites, comme FrenchLeaks, préfèrent vérifier et croiser les informations avant de les publier. Une voie que semble privilégier Québec-Leaks, qui explique s’être attaché les services de journalistes, avocats, comptables et autres experts.

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Participation de vrais journalistes

«FrenchLeaks est un très bon exemple, le système est extrêmement bien monté, c’est un modèle viable», indique Luc Lefebvre. FrenchLeaks a été monté par des journalistes du journal en ligne Médiapart, qui reçoivent des informations, les analysent, et les publient sous forme d’enquête. Si on peut s’étonner que QuébecLeaks n’ait pas encore publié de fuites sur son site, cela ne devrait pas tarder précise le porte-parole du site.

Apparemment, les personnes derrière QuébecLeaks avaient sous-estimé le nombre de documents qu’ils recevraient.

«Pour le moment, on reçoit des documents quotidiennement, on est en étape d’analyse. Au Québec, la réalité, c’est que les gens attendaient beaucoup de nous, donc les processus d’analyse doivent être poussés. On n’aura pas forcément des documents exclusifs, mais d’intérêt public. Des journalistes, des sociologues, ont peut-être eu les documents dans les mains avant, mais le public n’y a pas eu largement accès. Par exemple les ententes entre Québecor et la ville de Québec pour la nouvelle aréna.»

Le site mise énormément sur sa relation avec les médias Québécois. Ils ont des contacts avec au moins un journaliste de toutes les plus grosses rédactions du Québec.

«Les médias, ce sont les chiens de garde de la démocratie. Mais ils doivent gagner leur vie. En fait ce ne sont pas journalistes qui ne font pas bien leur travail, mais les organisations pour lesquelles ils travaillent qui ont des intérêts différents. Le problème ce n’est pas les journalistes, mais le système.» Alors comment leur filer un coup de main? Tout simplement en faisant le boulot qu’on les empêcherait sois-disant de faire. Chaque document recueilli par QuébecLeaks doit passer une série de trois étapes avant d’être publié.

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Tout d’abord une étape de filtration de l’information, de son intérêt, de sa légitimité… puis une étape d’analyse ou trois spécialistes, de différents domaines, comme des journalistes, avocats, comptables donnent leur avis après enquête sur l’information.

Puis une étape d’envoi aux médias, qui serviront de relais de l’information. Luc Lefebvre tient à préciser qu’ils ne favoriseront pas un média plutôt qu’un autre.

Pas de culte de la personnalité

Luc Lefebvre ajoute qu’il attend de ses ententes avec les journalistes des médias traditionnels qu’elles soient réciproques et indique qu’une section d’infos caviardées, c’est à dire des papiers dont une, ou des parties ont été coupées par la direction. De ce que L’Express a pu recueillir comme information, Luc Lefebvre tient à ne pas reproduire les erreurs de sites comme WikiLeaks ou son porte-parole était devenu un produit marketing autant que le site.

Il ne voulait pas mêler son travail et sa vie personnelle à ce site, mais les journalistes faisant encore un peu leur travail ont finalement découvert qu’il était un ancien membre du Parti Québécois et qui était son actuel employeur.

Pour mettre fin au mystère, Luc Lefebvre va publier sur un site à son nom des informations le concernant, en tant que porte-parole de QuébecLeaks.

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Les premières interventions de QuébecLeaks devraient intervenir dans les semaines qui viennent, si vous êtes friands d’informations, ne manquez pas d’y faire quelques clics: www.quebecleaks.org

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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