Le prix mondial des aliments a atteint en janvier un record… pour le deuxième mois d’affilée. Est-ce la goutte d’eau qui a fait déborder le vase en Tunisie et en Égypte? Et quel pays sera le suivant?
Le lien entre faim et révolte a été proposé plusieurs fois depuis quelques semaines, et l’annonce des prix de janvier, publiée récemment par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), n’a fait que confirmer: des intempéries en 2010 ont eu un impact direct sur le prix du blé.
Les inondations catastrophiques au Pakistan et les canicules en Russie ont réduit la production, et conduit notamment la Russie à entreposer davantage, donc à réduire ses exportations. Or, l’Égypte importe 60% de son blé. Le tout continuera d’avoir un impact pendant des mois, juge un économiste de la FAO, Abdolreza Abbassian.
Chômage des jeunes
Les experts du monde arabe se gardent bien de suggérer qu’il s’agit du seul facteur pour expliquer les révoltes de la rue. Après tout, la hausse du prix des aliments frappe aussi des pays européens comme l’Espagne, qui n’ont pourtant pas vu leurs gouvernements être menacés d’un renversement.
En Afrique du Nord, ainsi qu’au Yémen et en Jordanie, l’insatisfaction latente à l’égard de gouvernements perçus comme corrompus, et un chômage endémique chez une masse de jeunes, sont des causes bien plus profondes — auxquelles s’ajoute, veut-on croire en Occident, l’impact de Facebook.