La lumière bleutée de René Gagnon

Passionné du Nord depuis plus de 60 ans

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Publié 01/02/2011 par Annik Chalifour

La maison Bonhams, avenue Hazelton à Yorkville, a proposé la semaine dernière une exposition intitulée Éloge du Saguenay et des paysages nordiques de l’artiste peintre renommé René Gagnon, né en 1928 à Chicoutimi-Nord. Les toiles exposées ont rappelé plus de 60 ans de recherche picturale et d’observation minutieuse de la nature, célébrant l’immense passion du peintre pour son coin de pays.

Les oeuvres de René Gagnon, empreintes de souvenirs à l’image des superbes environnements naturels de son chez-lui, l’inspirent depuis toujours. L’exposition a mis en lumière la représentation particulière que l’artiste fait des paysages majestueux du Saguenay et de la Côte-Nord.

«Mon thème, c’est le Saguenay. Je le traduis tel que je le vois. Avec sa formation géologique qui est l’une des plus vieilles du monde, avec ses rochers arrondis qui mettent de la douceur dans un paysage austère et dur. Le peintre doit traduire ce que l’on peut appeler la vérité d’une époque, d’un milieu, d’un peuple.»

Très jeune René Gagnon est attiré par le dessin et la peinture en fréquentant son oncle René Bergeron (1904-1971), personnage important sur la scène artistique régionale grâce à sa galerie «L’Art canadien». Le jeune artiste apprend en observant le travail de plusieurs peintres québécois que son oncle lui permet de rencontrer.

«Il faut savoir qui on est et ce que l’on peut»

Dès l’âge de 15 ans, René Gagnon se passionne pour le traitement de la lumière dans la nature selon le temps du jour ou de la saison. Son initiation à la peinture est marquée d’une intense recherche esthétique où il développe un style particulier.

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Ainsi l’artiste regarde la rivière Saguenay couler à travers le paysage, montrant un caractère différent de l’hiver à l’été. Dans ce contexte, la peinture lui sert à dévoiler l’authenticité de ces lieux naturels exceptionnels.

Autodidacte, le peintre explique que pour peindre des paysages, «il faut être allé à l’école de la nature afin de la représenter le plus naturellement possible.» Son oeuvre est tissée de nombreuses années de travail acharné à parcourir son territoire natal pour mieux l’apprivoiser et l’exprimer sur ses toiles.

«Je peins le Saguenay et la Côte-Nord parce que c’est mon pays. J’aime ce pays. J’en suis plein. On est nordique ou on ne l’est pas et ce tempérament qui fait combattre les éléments, influence ma peinture. Qu’on me change d’endroit, qu’on m’implante dans le Sud, par exemple, et je serai incapable de produire.» C’est sur cette base que René Gagnon a acquis son métier de peintre.

L’octogénaire ne laisse pas indifférent; il a tout à fait l’allure d’un artiste, chevelure rebelle ondulée, regard scrutateur mais souriant, tout de noir vêtu et arborant une longue écharpe blanche.

Selon le peintre, «on n’a jamais fini de puiser à l’intérieur de soi toutes les ressources nécessaires à son expression personnelle.» Interprète amoureux des montagnes érodées, de la végétation clairsemée et de l’immensité glaciale de son Saguenay natal, René Gagnon transmet dans son œuvre les subtiles nuances de cette beauté sauvage, magnifiée par sa palette d’artiste.

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Du Saguenay à l’Asie

L’artiste peintre a consacré près d’une vingtaine d’années à la recherche obstinée et assidue d’une technique originale de l’utilisation de la couleur.

Couche par couche, l’huile travaillée à la spatule et au couteau, d’une transparence exceptionnelle, fait naître la lumière bleutée du Nord sur la neige blanchâtre, les rochers violacés et l’eau grisâtre quasi métallique.

Quelques touches de couleurs vives dynamisent les froids paysages en les réchauffant d’un éclat exotique, presque méditerranéen, où s’élancent le bleu azur, le blanc, le jaune safran et l’orange brûlé.

Dans les années 1960, la comtesse Phyllis Fasano l’invite à exposer à New York, inaugurant une longue série d’expositions à l’étranger, notamment en France, aux Bahamas, au Maroc, aux Philippines, à Hong Kong, à Taïwan et en Malaisie où il séjourne pendant quelques mois.

Par ses expositions et ses conférences, l’artiste du Nord québécois a fait découvrir aux États-Unis, en Europe et en Asie l’immensité de nos espaces, la beauté de nos paysages et la richesse de l’art canadien.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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