Budget municipal 2011: c’était ça le «gravy train»?

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Publié 14/01/2011 par Vincent Muller

Le budget municipal de 2011, qui s’élève à 9,3 milliards $, a été présenté lundi dernier et, comme il l’a martelé durant sa campagne, le nouveau maire Rob Ford continue de combattre le «gravy train», c’est-à-dire les dépenses qu’il juge superflues.

Dans ce premier budget de la nouvelle administration, on ne trouve pas autant de coupures que certains le craignaient, mais un clair retour en arrière pour des transports en commun déjà anachroniques.

Comme il l’avait promis, Ford a fait voter l’annulation de la taxe d’enregistrement des véhicules peu de temps après son entrée en fonction. L’économie réalisée par les automobilistes équivaut à une soixantaine de dollars par an, autant dire des miettes comparé à ce que coûte entretenir et assurer un véhicule à Toronto.

Cette taxe représentait un apport de 64 millions $ pour la ville. Le nouveau maire avait aussi prévu de geler les taxes de propriété, ce qui permettra là aussi aux propriétaires d’économiser une soixantaine de dollars cette année.

Rappelons que les taxes foncières, principales sources de revenus de la ville, représentent 38% (3,5 milliards $) des revenus de la ville, suivies des subventions provinciales (20%) et des frais d’usagers pour divers services municipaux (16%).

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Coupures

Si la commande des nouveaux tramway à plancher bas n’a pas été annulée et que le développement de nouvelles lignes de tramway à plancher bas devrait voir le jour puisqu’étant subventionné par la province, la TTC n’est pas sauvée pour autant. Son plan de développement va sûrement subir des modifications et, pour combler le manque à gagner visant à satisfaire les automobilistes et les propriétaires, il a fallu faire des sacrifices.

Les transports en commun de Toronto, déjà moyenâgeux, feront donc un pas de plus vers l’Antiquité alors que de nombreuses villes dans le monde modernisent leurs réseaux. En effet, si on a évité de justesse une augmentation de 10 cents le jeton, soit 5$ par mois sur le prix du metropass, 48 lignes de bus vont subir une baisse de service la nuit et les fins de semaine pour une économie d’environ 7 millions $.

En d’autres termes, si vous n’avez pas de véhicule, vous vous contenterez d’aller travailler durant la semaine et vous ne bougerez pas de la maison le reste du temps. (Ou vous marcherez, c’est bon pour la santé…)

Bien entendu, la TTC n’est pas la seule à subir des coupures, même si c’est sur son dos que seront réalisées les économies les plus importantes. Pour stopper le «gravy train», il a fallu couper ailleurs.

Voici d’autres choix de l’administration Ford:
– la bibliothèque des affaires urbaines fermera ses portes et ses livres seront transférés à la bibliothèque de Référence pour une économie de 100 000 $;
– les fonds d’aides aux locataires seront réduits, là encore une économie de 100 000 $;
– le journal de la mairie Our Toronto sera raccourci pour une économie de 139 000 $;
– le programme de déconnexion des gouttières pour désengorger les égouts sera annulé, alors que 13 000 familles ont déjà vu leur demande approuvée;
– les subventions pour les égouts bloqués par les racines des arbres de la ville seront annulées également;
– une autre économie de 100 000 $ sera faite au niveau des missions internationales culturelles et de développement économique.

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Par ailleurs, le compte d’eau devrait augmenter de 10,8% le 1er mars, soit environ 56 $ par an pour le propriétaire. Les frais pour le ramassage des ordures augmenteront de 3,6%, c’est à dire entre 6 et 12 $ selon la taille de votre poubelle. La plupart des frais pour les services municipaux devraient augmenter de 3%, ce qui représente environ 23 millions $ supplémentaires pour la ville.

Où va l’argent?

La TTC représente tout de même 16,3 % du budget (1,5 milliard $), cependant cette somme est principalement destinée aux coûts d’opération du système qui sont à la charge de la ville (l’argent ne va donc pas dans la modernisation du réseau).

En deuxième position, les services sociaux et de l’emploi 12,9% (1,2 milliard $). Ces services, autrefois subventionnés par la province, ont été transférés aux villes sous le gouvernement conservateur de Mike Harris, en échange du financement de la moitié de l’éducation.

Les services de Police arrivent en troisième position, avec 10,5 % du budget (983 millions $) suivis des foyers et logements sociaux (9,8%) puis de la gouvernance et services internes (8,9%), «autres» (7,4%), le service de la dette (4,7%), les services à l’enfance (4,1%), les parcs et loisirs (4%), les pompiers (4%), d’autres services de transports (3,1%).

En queue de peloton: les services de santé (2,5% du budget), les soins de longue durée (2,4%), les véhicules et installations diverses (2,3%), les frais de services financiers (2,1%), les bibliothèques (2%), les ambulanciers (1,8%), bureaux des licences et des normes (0,5%), le développement économique et la culture (0,4%) et la planification urbaine (0,4%).

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Utilisation du surplus

Sur ce budget, 346 millions $ proviennent du surplus de l’administration précédente, ce qui a permis à Rob Ford de limiter les coupures.

Certains conseillers de l’opposition considèrent qu’il aurait fallu utiliser ce surplus dans une stratégie de budget sur 4 ans de manière à réduire la dette, au lieu de l’utiliser pour limiter les coupures. Le service de la dette (dette qui s’élève à 2,3 milliards $) arrive en 7e position des dépenses et représente 4,7% du budget 2011, soit 445,6 millions $.

Selon les plus pessimistes, on pourrait s’attendre à davantage de coupures dans les années à venir et les transports en commun risquent d’en subir les conséquences une fois de plus.

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