Les patients en psychiatrie à l’honneur en photos et documentaire à l’AFT

Du travail de professionnel

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Publié 11/01/2011 par Guillaume Garcia

Quand Serge Sandor décide de partir à Cuba pour étudier la possibilité de faire jouer du théâtre aux patients d’un hôpital psychiatrique, il ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Il a cependant déjà travaillé avec des personnes en difficulté, tels que des sans domicile fixe, des prisonniers et des femmes battues. Réussir à produire du théâtre de qualité professionnelle avec des comédiens non-professionnels est une bataille que Serge Sandor mène depuis plusieurs années maintenant. De son travail est née l’exposition en ce moment présentée à l’Alliance française de Toronto, El Caballero de Paris.

Le travail de Serge Sandor commence au début des années 1980 au Mexique avec ses premiers ateliers donnés à des personnes emprisonnées. Sa facilité à travailler avec des groupes en difficulté l’amène à la fin des années 1990 à travailler avec les SDF de la porte Chaillot à Paris. Plusieurs années s’écoulent avant qu’un ami lui propose de travailler avec les patients de l’hôpital psychiatrique de La Havane, considéré comme l’un des plus grands du monde, avec près de 2000 personnes vivant sur le site.

«J’ai été très bien reçu, comme un ministre, avec des chants et des musiciens. Je n’étais pas très enthousiaste, mais la première visite a été convaincante. J’ai fait une deuxième visite où j’ai fait des ateliers de théâtre classique», raconte le metteur en scène.

Après plusieurs jours de travail, il s’aperçoit qu’une grande partie des patients sont capables de jouer sur scène. Il cherche et trouve du financement, en partie de l’Union européenne et travaille avec des gens du théâtre cubain. Lui reste en tout huit mois sur place, organise des ateliers et choisit de produire une pièce inspirée de l’histoire du chevalier de Paris.

Arrivé au début du XXe siècle, le chevalier de Paris est une sorte de Don Quichotte, élégant, séducteur et bien aimé des foules. Personnage célèbre, il bénéficie de la protection des régimes successifs présents à Cuba et termine ses jours à l’hôpital psychiatrique, plus par nécessité physique que psychique. Le chevalier de Paris et sa grande barbe ont même une statue à leur effigie dans le centre historique de La Havane.

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Serge Sandor a lu un ouvrage écrit par un médecin sur le chevalier de Paris, où nombre de ses propos sont rapportés.

Il en a tiré une pièce dont 200 patients composent les personnages. Pour intégrer le maximum de malades, le metteur en scène a pensé à organiser un défilé au sein de la pièce, pour donner un rôle à ceux qui ne pouvaient pas parler, entre autres. Lors des représentations officielles à La Havane, les patients se sont vus ovationnés, récompensés de leurs efforts.

Son travail avec les patients de l’hôpital a attiré les médias du monde entier et également une photographe, Tatiana Bitir, qui avait entendu parler de ses réalisations.

Elle est venue 15 jours pour capturer les images et les fruits de ce travail particulier. Ses photos sont visibles en ce moment à l’Alliance française de Toronto.

Un documentaire a également été co-réalisé par Serge Sandor les dernières semaines de la production de la pièce et diffusée en avant-première à l’Alliance française de Toronto jeudi dernier.
«Je ne fais pas de social, pour changer le regard des gens, il faut proposer de la qualité sur scène. Il faut garder la barre très haute. Je me donne le même but qu’avec des professionnels, mais je travaille beaucoup plus longtemps», explique Serge Sandor.

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Il récolte les fruits de son implication sur le long terme, comme lorsqu’il voit des anciens SDF devenus par la suite comédiens professionnels.

«Les gens les voient sur scène et dans la rue, ils n’imaginent pas que ça peut être la même personne».

Adepte des grandes pièces où il peut rassembler plus de 200 figurants et comédiens, Serge Sandor développe en ce moment un projet dans le Morvan avec des jeunes de centres semi-fermés, des prisonniers et des enfants.

Toujours prêt à transmettre son savoir, il a profité de sa présence à Toronto pour donner des ateliers où plusieurs membres de la troupe des Indisciplinés de Toronto ont participé, ainsi que des professionnels du théâtre.

Vous pourrez assister à un autre documentaire sur le travail de Serge ce mardi soir à l’AFT, réalisé lors de son travail avec les SDF.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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