L’ADQ propose un nouveau «beau risque»

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Publié 09/05/2006 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

GRANBY (PC) – Jugeant la conjoncture favorable, l’Action démocratique du Québec (ADQ) propose une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles avec le gouvernement fédéral calquée sur «le beau risque» de René Lévesque il y a plus de 20 ans.

«C’est notre responsabilité de répondre à la main tendue d’Ottawa en proposant un nouveau beau risque, le beau risque de l’autonomie», a lancé M. Dumont dimanche dernier aux 300 militants adéquistes réunis depuis deux jours en conseil général à Granby.

Dans son allocution de clôture du conseil général, le chef de l’ADQ a dit vouloir profiter de la nouvelle donne politique à Ottawa pour tenter de faire réintégrer le Québec dans le giron constitutionnel canadien, un quart de siècle après le rapatriement unilatéral de la constitution.

«Le Québec doit amorcer un nouveau dialogue avec Ottawa pour réparer le gâchis constitutionnel de Trudeau. Nous devons faire fi de la peur de l’échec et s’appuyer sur ce que la population veut: des changements respectueux des Québécois à l’intérieur du cadre de la fédération canadienne», a-t-il dit.

M. Dumont reprend à son compte les six grands champs de réforme identifiés par l’ancien premier ministre René Lévesque à l’époque du beau risque soit:
– le statut du Québec;
– le processus de modification constitutionnelle;
– le partage des compétences;
– l’encadrement du pouvoir fédéral de dépenser;
– la réforme des institutions;
– la politique intergouvernementale.

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Mais d’ici à ce que le grand rêve d’élection de l’ADQ se réalise, ce qui apparaît encore bien loin si l’on tient compte des sondages, M. Dumont se contentera «d’alimenter le débat public en faveur de la reprise du dialogue entre Québec et Ottawa».

Les Québécois, a fait valoir le leader adéquiste, ne doivent pas se laisser distraire par les débandades successives des ententes du Lac Meech (1990) et de Charlottetown (1992), les deux tentatives avortées du Québec pour signer la constitution de 1982.

«Il y a une opportunité sous le leadership de M. Harper et ce serait une grosse erreur de ne pas en profiter. Depuis Trudeau, nous sommes sur le perron de la porte et nous devons trouver une solution», a-t-il dit un peu plus tard en point de presse.

Selon le député de Rivière-du-Loup, le premier ministre Harper a démontré une ouverture certaine à l’égard d’éventuels changements constitutionnels lors de son discours du 20 avril à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Au cours de cette allocution, M. Harper avait évoqué l’encadrement du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral, une mesure nécessitant la réouverture de la constitution. Pour le chef de l’ADQ, ce signal démontre que le fruit est enfin mûr pour reprendre le dialogue constitutionnel et de régler une fois pour toute la question nationale.

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Paralysé «par la peur de l’échec», le premier ministre du Québec Jean Charest n’a pas «l’audace» nécessaire pour saisir l’opportunité, juge M. Dumont. «Des gens paralysés par la peur ne méritent pas de mener les destinées du Québec», a-t-il dénoncé.

Quant au Parti québécois (PQ), il est prisonnier d’un programme «qui rejette à l’avance tous les progrès possibles à l’intérieur du Canada», a analysé M. Dumont.

Le chef de l’ADQ s’est d’ailleurs adressé directement aux militants péquistes lors de son allocution, les enjoignant à tourner le dos au programme «radical» que défend le chef du Parti québécois André Boisclair. «Vous qui pensez Québec d’abord, je vous dis que l’option gagnante, l’option ancrée dans la réalité d’aujourd’hui, c’est l’option du beau risque de l’autonomie», a-t-il souligné.

S’il veut faire oeuvre utile, M. Boisclair doit «répudier» l’actuel programme de son parti et s’inspirer de René Lévesque en mettant en veilleuse l’option souverainiste, a-t-il continué.

Au cours du week-end, le chef de l’ADQ a mis ses troupes en mode électoral, les invitant à prendre le bâton du pèlerin pour construire «une grande coalition du changement».

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Prenant la parole dimanche dernier devant les délégués, le président du parti Yvon Picotte a dénoncé péquistes et libéraux, mais a particulièrement appuyé ses attaques contre André Boisclair.

À deux reprises, l’ancien ministre libéral a même fait allusion à l’homosexualité du chef péquiste. M. Boisclair, a-t-il dit, n’a pas eu le courage de se présenter à l’élection complémentaire dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, la circonscription montréalaise du village gai où la population «lui va comme un gant». Puis, au sujet de Lucien Bouchard, signataire du manifeste «Pour un Québec lucide», le président de l’ADQ a fait remarquer que l’ancien premier ministre était préoccupé par l’avenir de ses jeunes enfants, alors que M. Boisclair ne pouvait «pas en dire autant».

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