Transport aérien: «le potentiel de Toronto est sous-exploité»

Le transport aérien comme moteur de croissance

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Publié 16/11/2010 par Vincent Muller

«Le Canada doit être plus stratégique afin de maintenir les corporations ou les champions mondiaux de l’industrie qui sont le moteur du développement de notre économie», insistait Calin Ravinescu, PDG d’Air Canada, vendredi dernier, lors d’une conférence au Canadian Club de Toronto. Pour lui, le gouvernement détient la clé qui permettrait au secteur aérien canadien de devenir plus concurrentiel à l’échelle mondiale.

Calin Ravinescu, en fonction depuis avril 2009, a plaidé la cause d’Air Canada, appelant à l’aménagement de politiques pour soutenir différents secteurs qu’il considère comme étant des secteurs clés de l’économie canadienne.

Selon lui, ces secteurs sont ceux des ressources naturelles, des télécommunications, de la finance et, bien entendu, des transports.

Concernant les transports, puisqu’il s’agit de son secteur, il s’efforce de souligner l’importance de la première compagnie aérienne du pays: «Air Canada est la 15e compagnie aérienne au monde sur 1000 si on se base sur le trafic, alors qu’on est au 36e rang en matière de population.»

Il continue en énumérant des chiffres, 1300 vols par jour, 26 000 employés (dont 11 500 à Toronto), 11 milliards $ en revenus annuels, ajoutant qu’en un an et demi la compagnie a traversé de nombreuses catastrophes (éruption volcanique, ouragans, menaces terroristes, récession) et souligne que, malgré tout cela, elle a embauché 500 personnes l’été dernier.

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Calin Ravinescu semble donc dire qu’Air Canada a fait sa part du travail et que c’est à présent aux gouvernements provinciaux et fédéral d’agir pour permettre le développement d’Air Canada et d’autres compagnies aériennes au pays.

Bataille de hubs

«Le marché mondial devient une bataille entre hubs internationaux. Le GTAA (Greater Toronto Airport Authority) qui gère Pearson, a apporté des améliorations, des investissements dans les terminaux notamment», explique-t-il.

Dans un tel environnement, la région de Toronto, qui est le plus gros hub du pays, a un rôle important à jouer: «Il y a des opportunités pour l’entreprise et pour la ville de Toronto», avance le PDG d’Air Canada.

Calin Ravinescu souligne les avantages géographiques de l’aéroport Pearson situé au cœur de l’une des régions les plus peuplées d’Amérique du Nord, à un jour de route d’un bassin de 150 millions de personnes où vit 40% de la population des États-Unis.

Il déplore cependant que le potentiel de la Ville-Reine, qui occupe la première place dans la stratégie de développement de la compagnie, soit sous-exploité.

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Du centre-ville à l’aéroport

Évoquant entre autres l’absence de ligne directe rapide entre l’aéroport et le centre-ville, qui est encore loin d’être réalisé: «Ça n’arrivera pas au plus tôt avant 2015», il insiste sur l’importance de se concentrer sur le développement des infrastructures, pour face aux concurrents et note qu’à ce jour Vancouver, grâce au Jeux olympiques, est la seule ville du Canada disposant d’un tel lien.

Calin Ravinescu rappelle aussi que de plus en plus de Canadiens traversent la frontière pour aller prendre l’avion à Buffalo, ou à Seattle et Plattsburgh pour les gens vivant dans les régions de Vancouver et Montréal.

Pour lui, la raison est toute simple, ce n’est pas une question de service, d’efficacité ou de manque de destinations au départ du Canada, mais une question de coût et il rejette directement la responsabilité sur les politiques qui régissent l’industrie aérienne.

«Le coût pour faire atterrir un Airbus 320 aux États-Unis coûte moins de la moitié de ce que ça coûte à Toronto», précise le PDG d’Air Canada.

Le problème des coûts

«Il faut régler le problème des coûts. Le secteur de l’aviation au Canada a une taxation et d’autres charges fiscales qui purgent les ressources de ce secteur», continue-t-il.

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Vu l’argent généré par l’industrie aérienne, il semble normal que les taxes reversées soient importantes. Mais Calin Ravinescu voit cela d’un autre oeil: «Pour rendre les choses pires, les fonds collectés de l’industrie ne sont généralement pas réinvestis dans l’industrie ou le développement de ses infrastructures. C’est un contraste direct avec d’autres endroits dans le monde, dont les États-Unis, où les transporteurs et les services de navigation aérienne reçoivent tous des aides fiscales qui leur permettent de remplir le rôle stratégique qu’ils jouent dans l’économie nationale et dans la connexion sociale.»

Arguant que l’aviation nourrit de nombreuses industries et participe à une part considérable du PIB du pays, il insiste sur l’importance de «soigner cette industrie», pour qu’elle puisse rester compétitive à l’échelle internationale.

«En tant que pays nous devons reconnaître avec certitude et conviction que l’industrie aérienne est un puissant moteur de croissance économique, de la même façon que plusieurs autres pays, spécialement les économies émergentes, l’ont fait.»

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