Rencontre avec Peter Shurman, critique conservateur aux Affaires francophones

«On ne veut pas d’un système de santé parallèle en français»

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Publié 19/10/2010 par Vincent Muller

«La physiologie d’un francophone est la même que celle d’un anglophone», expliquait Peter Shurman, qui n’est non pas médecin, mais critique aux Affaires francophones pour le Parti progressiste conservateur à Queen’s Park. Le député de Thornhill considère inutiles les réseaux de service en santé francophones de la province.

Peter Shurman est né à Montréal et y a vécu 35 ans. Lors de l’entretien, il souligne être le seul député conservateur à Queens Park maîtrisant le français. Le poste de critique aux Affaires francophones lui semblait donc prédestiné… mais pas forcement choisi. «J’ai dû me familiariser avec les affaires francophones et les travaux de M. François Boileau» (le commissaire aux services en français), explique-t-il.

Interrogé justement sur les questions francophones d’actualité et sur les dossiers sur lesquels il a travaillé ou travaille, les réponses restent assez évasives: «On pense que nous avons deux cultures fondatrices au Canada même s’il n’y a que 4% de francophones en Ontario».

«Pour le jour du 25 septembre (proclamé Jour des Franco-Ontariens), il y a eu unification avec les trois partis de l’Assemblée. Lorsque le projet de loi a été introduit, on a fait une motion pour avoir une troisième lecture immédiatement», fait-il valoir.

Concernant les dossiers en cours, le député évoque un projet pour lequel il semble enthousiaste, «pour régler le problème des enseignes dans les endroits touristiques comme Niagara Falls. Lors du remplacement elles seront bilingues, ça ne coûte pas plus cher. Nous avons été en accord avec ça, nous avons voté en faveur, il reste la deuxième lecture», lance le représentant du principal parti d’opposition.

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Pas de propositions

Non satisfait des réponses apportées concernant les initiatives des Conservateurs pour renforcer le respect de la Loi sur les services en français en Ontario, il a fallu insister pour savoir si ceux-ci ont constaté ou soulevé certains problèmes et finalement arracher une réponse négative.

«Mais ce n’est pas une question de francophones contre les anglophones, on a des priorités très urgentes dans le monde économique, ça concerne tout le monde», ajoute le critique aux Affaires francophones qui est aussi, et surtout, critique pour le Développement économique et le commerce.

Concernant les Affaires francophones, les Conservateurs se contentent donc apparemment de suivre sans proposer.
«On fait des réunions avec François Boileau pour s’informer sur les recommandations», explique le député qui considère que le plus important est «d’augmenter les services en français dans les régions à forte concentration de francophones» et que «le français est déjà privilégié par rapport aux autres langues parlées en Ontario», avec la possibilité d’utiliser la langue dans le système judiciaire par exemple.

RLISS inutiles

À propos des réseaux de services de santé en français, chers à France Gélinas, qui s’est entretenue avec L’Express dans l’édition précédente, il déclarait: «On ne veut pas d’un système parallèle en français. Ce n’est pas nécessaire de dépenser de l’argent comme ça, la physiologie d’un francophone est la même que celle d’un anglophone. Une personne qui peut traduire suffirait.»

Si vous avez été outré par cette citation, ne vous inquiétez pas, les anglophones sont logés à la même enseigne. Peter Shurman considère tout aussi inutiles les RLISS anglophones.

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«Tim Hudak (le chef de son parti) a dit que le Parti progressiste conservateur doit abolir les réseaux de santé, abolir tous les Réseaux locaux d’intégration en santé parce qu’il y a un grand coût», rappelle-t-il. «Il faut que ce soit du ressort du ministère de la Santé et des soins de longue durée directement», préconise le député.

«Ça nous coûte des milliards pour délivrer les soins. Le ministère doit avoir le contrôle privé des organisations de santé et des soins de longue durée. 50% du budget total de la province va à la santé. Le premier ministre Dalton McGuinty lui-même a dit que si on fait la même chose pendant 10 ans on va passer à 80% du budget dans la santé.»

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