Premier cœur artificiel implanté au Canada

C’est à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa que le docteur Wilbert Joseph Keon réussit le premier implant d’un cœur artificiel sur un être humain au Canada. L’opération a lieu le 2 mai 1986 et la patiente est madame Noëlla Leclair, 41 ans, d’Orléans (localité maintenant amalgamée à la ville d’Ottawa). Connu sous le nom de Jarvik, ce cœur artificiel est remplacé une semaine plus tard lorsqu’un don d’organe permet une transplantation.

Le docteur Wilbert Keon est une personnalité bien connue dans le monde de la recherche médicale. Né le 17 mai 1935 à Sheenboro (Québec), il est le cadet d’une famille de 13 enfants. Il obtient son doctorat de l’Université d’Ottawa en 1961. Après des études post-doctorales et une brève période d’enseignement à l’Université Harvard, il revient à Ottawa en 1969 pour créer l’Institut de cardiologie.

Le Dr Keon figure parmi les premiers cardiologues à utiliser le pontage pour réactiver la circulation du sang lors d’une crise cardiaque. Il est le premier à se servir du «laser excimer» pour débloquer des artères coronariennes. Keon et ses collègues figurent aussi parmi les premiers cardiologues à se servir du ballon d’angioplastie pour libérer les artères et rétablir la circulation sanguine.

Wilbert Keon n’est pas uniquement un scientifique, il est aussi un politicien puisque, le 27 septembre 1990, le Premier ministre Brian Mulroney l’a nommé sénateur.

Revenons au cœur artificiel pour préciser que, au départ, son unique vocation est de maintenir en vie un malade en attente d’une greffe. En 1957, le premier cœur artificiel a maintenu en vie plus de 90 minutes un chien; il a été imaginé par le Japonais T. Akutsu et l’Américain Willem Koleff qui sont considérés comme les précurseurs de cette technique. C’est l’Américain Domingo Liotta qui implante le premier cœur artificiel chez l’homme (4 avril 1969); cet implant restera dans le thorax du patient pendant 65 heures mais la greffe sera un échec. À partir de 1985, le cœur artificiel provisoire ne posera plus véritablement de problème.

Certains malades ne pouvant être greffés et le manque d’organes étant important, la recherche s’est portée aussi sur la transplantation définitive d’un cœur artificiel. La première tentative a eu lieu aux États-Unis le 2 décembre 1982 sur un patient volontaire de 61 ans; la survie ne sera que de 112 jours. D’autres tentatives suivront mais ne permettront pas la survie des malades. On considère que le cœur artificiel implantable définitivement ne sera totalement opérationnel que vers 2010.