Réchauffement climatique: la pollution à la rescousse!

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Publié 07/09/2010 par Danny Raymond (Agence Science-Presse)

La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) n’arrivera jamais, selon les plus alarmistes, à ralentir les changements climatiques à temps. Certains scientifiques proposent la géo-ingénierie, une mesure draconienne qui vise à nettoyer de l’atmosphère le dioxyde de carbone (CO2).

Quatre experts de l’environnement sont venues débattre, récemment à Montréal, des implications environnementales, éthiques et économiques liées à la géo-ingénierie lors d’un symposium sur les changements climatiques organisé par l’Université McGill. La géo-ingénierie, aussi appelée ingénierie de l’environnement, combine à la fois la capture et l’enfouissement du CO2 – une source du réchauffement climatique – et la redirection dans l’espace du rayonnement solaire.

Phénomène naturel

«C’est vrai que le réchauffement climatique est un phénomène naturel», reconnaît d’entrée de jeu le professeur David Keith, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’énergie et l’environnement à l’Université de Calgary.

Mais selon lui «la pollution humaine l’a accéléré 100 000 fois plus rapidement» – une affirmation étonnante quand on sait que, des 300 à 400 parties par millions de CO2 dans l’atmosphère, quelques dizaines seulement proviennent de l’industrialisation (pétrole et charbon surtout), la grande majorité provenant de la dégradation naturelle de la biomasse et de l’activité volcanique.

La solution consiste selon lui à créer artificiellement des nuages composés de sulfure de soufre. Ils formeraient une couche opaque pour repousser le rayonnement solaire comme le font les nuages formés après une éruption volcanique.

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L’une des causes du réchauffement viendrait, paradoxalement, de nos succès contre la pollution, qui réduit dans l’atmosphère le nombre de particules bloquant les rayons du soleil.

Refroidissement

Par leur composition chimique, ces nuages pourraient également absorber les particules de CO2 et répartir les précipitations sur la planète, notamment dans les océans. Dans ce scénario, non seulement cette solution freinerait rapidement le réchauffement planétaire, mais provoquerait en même temps un refroidissement.

C’est l’une des meilleures solutions à déployer à court terme, conclut le professeur Keith. Même s’il considère nécessaire d’utiliser d’autres moyens plus sûrs, comme l’énergie solaire et l’électricité.

Attention, rétorque le panéliste Allan Robbock, professeur de climatologie au département de sciences environnementales de l’Université Rutgers, dans le New Jersey.

«Avec une telle mesure, quel pays aura bien en main le thermostat terrestre? avance-t-il. Les éruptions volcaniques sont habituellement suivies de sécheresses, de rareté de la lumière et des changements notables de la biosphère. Que connaît-on des impacts potentiels de la géo-ingénierie?»

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La question est cruciale, même s’il est d’avis que la géo-ingénierie est une avenue prometteuse. Cruciale puisque tout le monde l’ignore, admettent les panélistes.

Qui décidera?

Phil Rasch, expert de la modélisation climatique au laboratoire Pacifique Northwest, dans l’état de Washington, soutient que la géo-ingénierie reste encore une application «théorique», basée sur des modèles scientifiques. Des tests en laboratoire ou sur le terrain sont nécessaires avant de se lancer dans une telle aventure, déclare-t-il.

Une opinion partagée par l’historien américain de la science et de la technologie, James Flemming du Collège Colby dans le Maine.

L’idée n’est pas nouvelle. Il rappelle les solutions avancées dans les années 1947, quand les Américains voulaient détourner artificiellement les ouragans plus loin dans l’Atlantique. Ultimement, qui seront les responsables des impacts causés ailleurs sur la Terre? demande-t-il.

Un débat de société s’impose, de même qu’une coordination internationale sur l’implication de la géo-ingénierie.

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Parlant de l’Histoire, David Keith rappelle que dans l’urgence, les actions rapides et concertées sont autant nécessaires qu’efficaces. Il donne l’exemple de la lutte contre les pluies acides menée dans les années 1980 et, plus récemment, l’intervention pour sauver la couche d’ozone.

Les résultats ont été très positifs, selon lui. «C’est le temps d’agir, la situation est trop grave pour ne rien faire», croit-il.

Science ou fiction?

Par sa nature extraordinaire, la géo-ingénierie attire aussi toutes sortes d’idées loufoques, calquées des meilleurs scénarios de science-fiction.

L’envoi de 15 milliards de miroirs en orbite autour de la Terre pour réfléchir les rayons solaires, par exemple. Ou déployer un navire télépiloté sur les océans du monde qui soufflerait de l’eau de mer pour créer des nuages réflectifs.

Burlesques ou non, tous les scénarios sont envisagés chez les écocatastrophistes pour résorber la crise environnementale qu’ils prédisent.

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www.sciencepresse.qc.ca

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