Capitalisme et biodiversité: pour un mariage durable

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Publié 31/08/2010 par Odile Clerc (Agence Science-Presse)

Pour s’assurer que notre modèle économique soit compatible avec la préservation de la biodiversité, des entreprises canadiennes s’activent pour trouver des voies alternatives économiques et pérennes pour l’homme et la planète.

Au Canada où l’exploitation des ressources naturelles – eau, minerais, bois, agriculture — occupe une place de choix dans l’économie, la question de la préservation de la biodiversité est cruciale. Selon l’Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (une étude réalisée à la demande du Secrétaire général des Nations Unies), 60% des écosystèmes dans le monde sont déjà dégradés; sur le plan national, 602 espèces vivantes sont actuellement menacées.

Soucieux d’impulser au Canada une culture environnementale en affaires, le Canadian Business and Biodiversity Program (CBBP), une organisation crée en 2008 regroupant des représentants du gouvernement, des ONG, des entreprises et des universitaires, a publié en juin 2010 un recueil de 17 expériences d’entreprises ayant intégré la conservation de la biodiversité dans leur stratégie de croissance.

Prêcher par l’exemple

«Notre objectif était de montrer la variété des actions possibles; cela va du projet de recherche pour la conservation de la biodiversité, à un programme d’approvisionnement de matière première en lien avec les communautés, en passant par un système de gestion intégrée de la biodiversité sur les sites industriels, certains situés dans des parcs», explique Sylvie Noguer, directrice principale, équipe Développement durable et changements climatiques de Deloitte, un des partenaires du programme.

«Nous n’avons pas cherché à établir un classement parmi les entreprises; on a voulu plutôt agir sur le mode de l’exemple.»

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Au-delà d’un simple catalogue, le livret pointe la grande dépendance des secteurs économiques vis-à-vis des écosystèmes et les risques encourus par les entreprises à la négliger: augmentation des coûts de ressources naturelles, baisse de qualité des services ou produits, dégradation de l’image de marque, perte de parts de marché, augmentation des coûts financiers, etc.

Actions positives

Parmi les actions répertoriées dans le guide, citons le soutien de communautés locales en Afrique du Nord par L’Oréal dans le cadre de la production d’huile d’Argan, l’installation des poteaux d’Hydro-Québec conforme à des critères de conservation de la biodiversité, des études sur la biodiversité de Nestlé Waters Canada, des centres de réhabilitation de la faune par Procter and Gamble, la création de réserves naturelles par Rio Tinto Alcan, un programme de recherche sur les élans en Alberta financé par Shell, etc.

«Intégrer la notion de biodiversité dans le développement des entreprises implique un travail de partenariat important entre des institutions très différentes, comme les ONG, les universités, les entreprises, etc. C’est un des messages que nous voulons communiquer; sans échange et partage de savoir, le changement ne pourra se faire», conclut Sylvie Noguer.

Le zoo vert de Granby

Parmi les études de cas du CBBP figure le Zoo de Granby dont les stratégies environnementales sont pour le moins exemplaires: baisse de la consommation d’eau potable de 70% en 2 ans, réduction de l’empreinte carbone de 400 tonnes (équivalent carbone) en 10 ans, chauffage par géothermie, installation de panneaux solaires, approvisionnement en eau de source, etc.

«Nous avons amorcé en 2004 un virage écologique afin d’optimiser l’implantation de bonnes pratiques environnementales au zoo; le terreau était fertile, le recyclage et l’économie de moyens ont toujours fait partie de la culture de notre entreprise à but non lucratif; à ce titre, les revenus que nous générons par les activités commerciales du zoo servent à financer nos missions de préservation et d’éducation», explique Joanne Lalumière, directrice générale du Zoo de Granby.

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Bébés léopards des neiges

Dans le cadre de ses missions, le zoo attache une importance primordiale à la biodiversité génétique des espèces. «Un des problèmes majeurs que l’on rencontre en nature chez les espèces en voie de disparition est la consanguinité; c’est pourquoi, dans le cadre des programmes de reproduction des espèces menacées auxquels nous participons, nous travaillons en réseau avec d’autres zoos pour créer de nouvelles lignées par croisements judicieux», précise Joanne Lalumière. En témoigne la naissance toute récente de deux bébés léopards des neiges dont les parents proviennent de zoos différents.

Au-delà des actions de préservation réalisées à l’interne, le zoo participe également à des initiatives locales telles que l’aide à la lutte contre le braconnage de colobes à manteau (espèce de singes d’Afrique) au Ghana.

Et pour compenser l’empreinte carbone générée par ses employés, il participe à hauteur de 4200 $ à un programme de reboisement de la forêt boréale. Avec une telle implication dans le développement durable, le zoo de Granby mérite bien sa place dans le palmarès des entreprises respectueuses de la biodiversité!

www.sciencepresse.qc.ca

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