Les chercheurs sur le VIH – Sida, des professionnels de la santé, des organismes et des activistes de la lutte contre le VIH – Sida réunis à Vienne pour le 18e Congrès international sur le sida, soulignent des statistiques frappantes qui révèlent que, même au Canada, pays riche où plusieurs traitements sont disponibles et gratuits, des gens contractent encore le VIH, deviennent malades et ne sont pas référés pour des traitements.
«Il est incroyable que des bébés autochtones naissent avec le VIH alors que des traitements existent pour prévenir la transmission périnatale du VIH», explique Denise Lambert, du Réseau canadien autochtone du Sida. En 2008, le taux de nouvelles infections par le VIH était 3,6 fois plus élevé parmi les Autochtones que les non-Autochtones, au Canada (1).
Les estimés nationaux sur le VIH indiquent par ailleurs que les deux tiers des nouveaux cas de VIH chez des Autochtones, en 2008, étaient attribuables à l’injection de drogue, une proportion considérablement plus élevée que les 17 % de l’ensemble des nouvelles infections par le VIH dans cette catégorie (2). «Vu ces chiffres, nous sommes stupéfaits d’être exclus de la discussion concernant des politiques fondées sur des données scientifiques probantes, dans le cadre de la Déclaration de Vienne», poursuit Mme Lambert.
Les jeunes sont très vulnérables
Une autre sombre réalité est le taux d’infection parmi les jeunes, au Canada. «Les jeunes sont très vulnérables, en particulier les jeunes femmes», rappelle Jessica Whitbread, représentante du groupe des Nord-américains de moins de 30 ans auprès de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH. En 2008, les jeunes femmes de 15 à 19 ans représentaient plus de la moitié des nouveaux cas de VIH déclarés dans ce groupe d’âge (3).
Le stigmate et la discrimination rendent difficile pour les nouveaux Canadiens, par ailleurs, de recevoir des soins adéquats. Marvelous Muchenje, de l’organisation Women’s Health in Women’s Hands, souligne que «le taux estimé de nouveaux cas d’infection parmi les personnes venues au Canada de pays où le VIH est endémique est 8,5 fois plus élevé que parmi les autres Canadiens.»
Des disparités similaires s’observent pour les détenus. Parmi les détenus de ressort fédéral, au Canada, la prévalence du VIH, à 4,6 %, équivaut à celle que l’on observe dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne; et elle est 15 fois plus élevée que dans l’ensemble de la population canadienne. La statistique est encore plus renversante parmi les femmes autochtones en prison, dont 11,7 % sont séropositives au VIH (4).