Le Ottawa non capitale

Quartiers intéressants, racines émouvantes

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Publié 20/07/2010 par Benoit Legault

Les quartiers d’Ottawa n’ont pas autant de couleur que ceux de Toronto, mais ils demeurent intéressants et attirants. «Vivre en ville est de plus en plus désirable. L’exode vers les banlieues est terminé pour les gens de mon âge. Les quartiers en périphérie du centre-ville bourgeonnent et changent très vite. Ces quartiers ne sont pas l’invention de promoteurs comme à Toronto, ils sont organiques et ils grandissent au rythme du retour à la ville des jeunes», explique Pam Provis, 27 ans, travailleuse communautaire et résidente du Westboro Village, un quartier de commerces, bars et restos cools et progressifs.

Les quartiers

Westboro est un de ces quartiers périphériques où les Torontois en visite ne vont pratiquement jamais, trop obnubilés qu’ils sont par le Parlement et les musées nationaux.

Les quartiers Beechwood, New Edimburg et The Glebe vivent aussi des mutations qui méritent un détour et une visite.

Les quartiers ethniques sont aussi dynamiques. Le quartier italien est sur la rue Preston. Le quartier chinois est sur la rue Somerset. Comme tout ce qui est chinois, ce quartier grandit constamment et il sera cet automne doté d’une grande porte d’entrée construite en partenariat avec nulle autre que Pékin elle-même.

D’un quartier à l’autre, le vieux fond british d’Ottawa est présent – dans l’architecture et un art de vivre basé sur le respect de l’espace de l’autre. Quand on fait le tour des quartiers à partir de l’ouest, on arrive finalement aux quartiers de la Côte-de-Sable et de la Basse-Ville. On arrive donc aux racines «canadiennes-françaises» établies à l’est du canal Rideau.

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Le français à Ottawa

Certes, les francophones d’Ottawa et de l’Ontario se sont forgés une identité franco-ontarienne, «ontaroise», suite à la montée du nationalisme québécois dans les années 1960, mais auparavant les francophones d’Ottawa partageaient leurs voisins d’outre-Outaouais un destin de survivance «de la race» basé sur le catholicisme.

Il est émouvant de remonter dans le temps jusqu’en 1916 et au Règlement 17 qui interdisait l’enseignement en français en Ontario. Sur les marches de l’École Guigues (159 rue Murray, près du marché By), des enseignantes et des mères brandissaient des aiguilles à chapeau, des rouleaux à pâte et des poêles de fonte pour repousser les policiers «anglais» venus appliquer le dit Règlement 17.

L’histoire a retenu cet évènement incroyable comme un des tournants de la survivance du français à Ottawa et dans le reste de l’Ontario. Une plaque historique y souligne l’exploit…

À Ottawa, les francophones ont longtemps été des porteurs d’eau. Aujourd’hui, la rivalité linguistique demeure, mais pour d’autres raisons. Certains anglophones ont du ressentiment, car une personne bilingue (et les francophones sont «automatiquement» bilingues) est avantagée sur le marché de l’emploi.

Il ne faut pas hésiter à dire «Bonjour» à tout le monde pour voir s’ils parlent français, mais il ne faut pas s’attendre toujours à de larges sourires; c’est peut-être une expression de gêne, mieux vaut ne pas faire de procès d’intention.
Au final, Ottawa demeure aujourd’hui un endroit extrêmement poli et civilisé.

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Ottawa, c’est beau

Le canal Rideau est la signature visuelle et l’âme de la ville (et un site du patrimoine mondial de l’Unesco!). Mais on oublie trop les charmes de la rivière Rideau et des chutes Rideau, là où cette rivière se jette dans la rivière des Outaouais, à la manière de minis chutes Niagara…

Transports pas communs

Se déplacer dans le Ottawa non capitale fait partie du plaisir qu’on trouve à le découvrir. Il y a les grands classiques qui font rêver le monde entier: balades en canot, en kayak et en patins l’hiver sur le canal Rideau. Mais il y a aussi le vélo et les transports collectifs qui enchantent l’explorateur du dimanche.

Ottawa est beaucoup, beaucoup plus petit et moins encombré de voitures que Toronto. Il y a énormément de pistes cyclables et d’artères à sens unique où on pédale en se sentant en sécurité. Les automobilistes d’Ottawa sont respectueux des cyclistes (les chauffeurs de taxi torontois devraient y faire des stages!), alors que les cyclistes se respectent mutuellement. Bref, on peut y relaxer sur une bécane, même en ville.

En 4 ou 5 heures, on a le temps de faire le tour des quartiers intéressants, de Westboro Village à New Edimburgh. Les rues sont à angle droit et il est difficile de se perdre. Et quand on arrive à se perdre un peu, dans les culs-de-sac et les petites rues, on fait souvent les plus belles découvertes architecturales et les rencontres les plus sympathiques de la balade…

À noter que le casque est obligatoire en Ontario pour les cyclistes de moins de 18 ans. Par ailleurs, les voleurs de vélos sont actifs à Ottawa.

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Un vélo non cadenassé dans les secteurs touristiques se fait voler généralement en moins de 10 minutes selon des tests récents menés par la police locale.

Ottawa n’a pas de métro ni de tramways légers, mais l’autobus y est utilisé à pleine capacité. Des grands bus articulés sur des voies réservées transportent efficacement les travailleurs au centre-ville où de grandes artères (les rues Albert et Slater) servent de débarcadères géants – le matin c’est un bal de véhicules assez impressionnant… qui peut tourner au cauchemar quand il pleut et surtout quand il neige.

C’est pourquoi Ottawa songe à la construction d’un tunnel sous son centre-ville pour les autobus ou des tramways éventuels.

Mais pour un touriste, prendre des bus le week-end se fait comme un charme. Les véhicules sont ponctuels, climatisés et assez fréquents. Des bus vont directement à la gare VIA Rail et à l’aéroport par des voies réservées. C’est vraiment remarquable. Il faut juste faire l’effort initial de comprendre le système.

En bref
•Rentabike: Location de vélos de bonne qualité, situé sous le pont Plaza, tout près du Château Laurier – rentabike.ca.
•OC Transpo: le réseau de transport collectif de la région d’Ottawa – octranspo.com.
•Tourisme Ottawa: 1 800 363-4465 et www.tourismeottawa.ca

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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