Entretien avec Giorgio Mammoliti, candidat à la mairie

Un casino pour financer la TTC

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Publié 22/06/2010 par Vincent Muller

«La majeure partie de mon programme consiste à restructurer la façon dont on collecte les taxes», explique Giorgio Mammoliti, candidat à la mairie de Toronto. En entretien avec L’Express, il est revenu entre autres sur son plan pour les transports en commun et la façon particulière dont il envisage son financement puisqu’il prévoit utiliser les recettes d’un nouveau casino qui serait en partie géré par la ville.

Sarah Thompson envisage de rendre la Gardiner payante pour financer des nouvelles lignes de métro, Joe Pantalone veut continuer le développement des LRT (lignes de tramway à plancher bas), Rob Ford veut laisser la Gardiner telle qu’elle mais aménager ses alentours, avec d’avantage d’arbres par exemple.

Pourquoi choisir entre tout cela lorsqu’on peut tout faire en même temps? C’est probablement ce que s’est dit Giorgio Mammoliti lorsqu’il a établi son plan pour la TTC.

Lui élargirait le boulevard Lakeshore à huit voies, le rendant payant durant les heures de pointe pour financer la construction, sur la Gardiner, d’un tramway, de pistes cyclables et d’espaces verts. Des stationnements dont le tarif comprendrait un ticket de TTC journalier seraient créés de chaque côté et les recettes seraient également utilisées pour financer les transports en commun.

Et pour financer ce projet dont le coût s’élève à 1.3 milliards $, le candidat ne veut rien demander aux gouvernements provincial et fédéral. En plus des recettes du péage et des stationnements, il veut mettre en place une loterie et un casino qui seraient gérés en partie par la ville.

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«Tous les autres candidats comptent sur des subventions de la province ou du fédéral, je ne veux pas compter sur ça et supplier le gouvernement», explique-t-il. Il lui reste cependant un problème de taille pour mener son projet à bien puisque la province a décrété, en 2005, un moratoire sur les nouveaux casinos.

L’idée d’un casino pour renflouer les caisses de la ville a déjà été évoquée lors des élections municipales de 2003 par le candidat Tom Jakobek et également en juillet 2007 par plusieurs conseillers municipaux, mais cela n’a pas abouti.

Malgré tout, Giorgio Mammoliti est sûr de son coup: «Je vais négocier, il n’y a pas de raison qu’ils refusent puisque grâce à ça on ne viendra plus leur demander de subventions. Toronto contribue à 40% de l’économie de la province et l’Ontario à 60% de l’économie du pays. Ils nous doivent bien ça».

les dépenses de la ville… et des aînés

Quelques licenciements sont également à prévoir au niveau de l’Hôtel de Ville: «Je pense que le gèle des salaires n’est pas juste, ni licencier des gens qui gagnent 25 000 ou 35 000 $. Par contre, il faudrait licencier des planificateurs et des avocats et garder seulement le noyau de l’administration. On ferait d’énormes économies. Il faudrait également revoir les conventions collectives, on donne trop aux syndicalistes».

Comme il le dit: «La majeure partie de mon programme consiste à restructurer la façon dont on collecte les taxes».

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Pour augmenter les recettes de la ville, Giorgio Mammoliti envisage d’autoriser des constructions sur les terrains entourant certains bâtiments, faisant d’une pierre deux coups: «Cela va générer de l’argent grâce aux taxes et augmenter le nombre de logements, notamment de logements sociaux. Il faudrait également accorder des subventions aux propriétaires de vieux immeubles pour qu’ils entreprennent des rénovations».

D’un autre côté il envisage toute une série de réductions: «Je veux baisser de 5% les taxes pour les propriétaires de résidences et de commerces» et semble accorder une importance particulière à l’électorat retraité en annonçant qu’il veut récompenser de 10 000 $ par an les familles prenant soin d’un aîné, éliminer les taxes de propriété pour les aînés à faibles revenus et supprimer la taxe sur les véhicules personnels pour les aînés.

Il espère sans doute que les aînés réinjecteront une partie de ces économies dans les caisses de sa loterie torontoise ou de son nouveau casino!

Développer les îles de Toronto

Mammoliti veut «attirer des touristes sur les îles de Toronto», d’où le choix d’y placer son futur casino flottant.

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Il envisage aussi d’y construire un nouveau palais des congrès, tout cela avec une connexion au centre-ville. «Les îles font partie de la ville, il n’y a pas de raison qu’elles ne profitent qu’à quelques privilégiés», soutient-il. Vu l’attachement des Torontois pour cette oasis de calme et de verdure à proximité du centre-ville, le candidat fait un pari risqué.

Son plan de transport sur la Gardiner prévoit un lien avec l’aéroport: «Pour moi le lien entre le centre-ville et Pearson ne doit pas se faire avec le train, ce n’est pas assez rapide».

Interrogé sur son intention ou non de créer de nouvelles lignes de métro, puisque cela n’a pas été évoqué dans son plan, il explique, en restant assez vague, qu’il veut faire un plan étalé sur 30 ans: «Le plan peut se préparer en un an. La deuxième année sera consacrée à l’établissement de partenariats public privé pour financer les projets. Il n’y aura pas de demandes de subventions auprès des gouvernements fédéral et provincial et les constructions commenceront uniquement lorsque les partenariats seront mis en place.»

Le candidat, en dernière position parmi les 6 candidats principaux, est loin de désespérer: «Miller aussi était en dernière position dans les sondages».

Calme et sûr de lui il continue: «Les sondages reflètent la popularité, pas la vérité». Et lorsqu’on évoque la place de Rob Ford, peu connu et pourtant au coude à coude avec Smitherman dans les sondages, il répond du tac au tac: «Ford à le même nom que les camions, je devrais changer mon nom pour General Motors, je serais en tête».

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