Le 31 mars dernier, la Chambre des communes a adopté, par un vote de 140 contre 137, le projet de loi C-232, une initiative du député acadien Yvon Godin visant à modifier la Loi sur la Cour suprême en créant une nouvelle condition de nomination des juges de la Cour suprême selon laquelle ceux-ci devront comprendre le français et l’anglais sans l’aide d’un interprète. Parrainé par la sénatrice franco-albertaine Claudette Tardif, le débat en 2e lecture se déroule actuellement au Sénat du Canada.
Les juges de la Cour suprême doivent-ils être en mesure de comprendre directement la langue officielle dans laquelle une affaire est plaidée?
Aucun gouvernement fédéral n’oserait nommer un unilingue français à l’un des neuf postes du plus haut tribunal du pays car les juristes et justiciables d’expression anglaise n’accepteraient jamais qu’une cause plaidée en anglais devant la Cour suprême soit entendue par un juge unilingue français lequel serait limité à ne comprendre les plaidoiries que par la voie de l’interprétation.
Or, les députés et sénateurs conservateurs pensent qu’il est équitable qu’une cause plaidée en français devant la Cour suprême puisse être entendue par un juge unilingue anglais, limité à comprendre les plaidoiries par la voie de l’interprétation.
Leur position revient à affirmer que, devant le plus haut tribunal du pays, un francophone a le droit d’employer le français, mais n’a pas le droit d’être compris en français.