Apprivoiser le français du Québec

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Publié 01/06/2010 par Martin Francoeur

C’est un tout petit livre. Assez discret. Qui se glisse bien dans la poche. On le dit destiné aux voyageurs francophones qui visitent le Québec. Le petit ouvrage vise à fournir des notions du français tel que parlé au Québec à ces visiteurs qui, bien que parlant la même langue que la majorité des Québécois, pourraient se retrouver confus devant certaines particularités du parler de la Belle Province.

De prime abord, le petit guide publié par la maison Ulysse se veut un ouvrage pratique. Mais on lui trouve rapidement des vertus humoristiques, si bien qu’il est assez agréable de le feuilleter quand on est un Québécois ou un Canadien francophone.

Intitulé Le québécois pour mieux voyager, le livre est avant tout un guide de conversation qui permet d’apprivoiser le français propre au Québec, avec ses archaïsmes, ses régionalismes, ses anglicismes, ses tournures savoureuses, son accent et sa spontanéité.

Heureusement, l’introduction situe assez bien le lecteur par rapport au langage propre au Québec. Dans ce cas-ci, d’ailleurs, il y a fort à parier que lorsqu’on parle du français québécois, on peut l’assimiler au français parlé dans la plupart des communautés francophones du Canada, mis à part quelques particularités régionales bien entendu.

«Du reste, vous aurez la surprise de constater que le québécois de tous les jours, qu’il s’agisse de la langue du travail, de la langue du tourisme ou de la langue des médias, ne diffère pas tant que ça du français dont vous avez l’habitude.

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Vos incursions dans le cinéma, la chanson ou la littérature québécoise vous incitent sans doute à croire le contraire, mais vous devez savoir que, par tradition, nos formes d’expression artistique ont presque toujours cherché à servir l’affirmation de notre identité linguistique distincte face au pays de nos ancêtres et à nos innombrables voisins anglophones.

En cela, elle présente volontiers une image exacerbée du peuple québécois, de ses traditions et de son parler. Dans les faits, toutefois, bien rares sont les Québécois dont le langage se limite à un jargon incompréhensible pour l’étranger.»

La mise au point est intéressante parce que le contenu du livre présente vraiment l’extrémité difficilement compréhensible du français tel que parlé au Québec.

Après quelques brèves notions historiques et quelques notions essentielles, notamment quant à la prononciation ou aux particularités grammaticales ou syntaxiques, on entre dans le vif du sujet.

Le petit guide propose une panoplie d’expressions courantes, dans différentes situations de la vie de tous les jours.

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On pourrait remplir cette page d’exemples souvent utiles, parfois loufoques, mais toujours pertinents quant aux particularités du français de chez nous.

Ce qui est amusant, dans cet ouvrage, c’est qu’on a pris la peine d’écrire «au son» la plupart des expressions que l’on donne en exemple. On peut lire, entre autres, que «s’cuzez-mwé» signifie «excusez-moi».

Évidemment, vous pouvez vous imaginer qu’il faut parfois se livrer à un véritable exercice de décodage pour comprendre ce qui est écrit. La forme écrite tente de reproduire, le plus fidèlement possible, la forme orale. Sans passer par une transcription phonétique, c’est parfois ardu…

Au quotidien, en plein air, à l’hôtel, au garage, au restaurant: voilà autant de situations pour lesquelles on a jugé bon reproduire certaines expressions.

Elles vont de «Si c’ta yeinque de mwé, j’prendrais mon bain à twé jours» jusqu’à «Avwèr d’la misère à toffer à’ ronne», en passant par «Y te l’a blasté d’aplomb» ou encore «Y fa tu assez beau dwâors». Parfois, ce sont les traductions en français normal qui étonnent.

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On a parfois peine à croire que certaines expressions reproduites peuvent vraiment aider un voyageur francophone étranger à comprendre la langue parlée ici.

Mais assurément, le petit guide peut donner une bonne idée des particularités de notre langue. Il permet surtout de comprendre certains des écarts que se permettent les Québécois ou les Canadiens francophones par rapport au français normatif.

Il y a fort à parier qu’un touriste qui se procurerait ce guide pourrait vouloir épater un ami d’ici ou un hôte en glissant dans une conversation l’une ou l’autre des expressions reproduites. Et je parierais, dans ce cas, qu’un éclat de rire serait assuré…

Fait intéressant à noter, le livre est disponible en format papier pour un peu moins de 10 $, de même qu’en format PDF sur le site web des Guides Ulysse www.guidesulysse.com pour 7,95 $.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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