Quel est le prix d’un béluga du Saint-Laurent ou encore d’un marécage protégé? Inestimable pour les environnementalistes, négligeable pour certains entrepreneurs, la valeur des écosystèmes peut désormais être quantifiée. La monétarisation de la biodiversité, ou le fait d’attribuer une valeur économique aux écosystèmes et aux organismes vivants, pourrait permettre aux économistes et aux scientifiques de s’entendre pour sauvegarder la nature.
Afin de calculer la valeur des écosystèmes, les chercheurs s’arment des outils de l’économiste: «La meilleure façon pour ces derniers de calculer la valeur d’un item, c’est de se servir de la notion de marché, qui représente la confrontation d’une offre et d’une demande», explique le professeur au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Jean-Pierre Revéret.
Ainsi, scientifiques et économistes doivent se résoudre à analyser un marché fictif pour estimer le prix de la biodiversité, souligne le chercheur. Toutefois, l’industrie du tourisme fournit des indicateurs économiques concrets.
«On peut estimer que la valeur d’un parc naturel est au moins égale à tout l’argent qui sera dépensé par ceux qui s’y rendent. Le fait que des touristes achètent des billets d’avion et du matériel de camping durant leur séjour, tout cela contribue à chiffrer la valeur d’un endroit. On va considérer ces dépenses comme une expression de leur volonté à payer pour la beauté du parc.»
Si l’on se fie à cette méthode, le Parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, qui abrite les célèbres fous de Bassan et accueille chaque année près de 100 000 visiteurs, vaudrait plus d’un million de dollars!