New Music Concerts: hommage à Gilles Tremblay

Dans le cadre d’une tournée nationale dédiée, entre autres, au compositeur québécois Gilles Tremblay, la société New Music Concerts accueillera l’Ensemble Aventa de Victoria avec le baryton montréalais Vincent Ranallo, au Betty Oliphant Theatre, samedi 10 avril. Lors du concert, Vincent Ranallo interprètera À quelle heure commence le temps?, une oeuvre magistrale de Gilles Tremblay composée en 1999, pour célébrer le passage en un nouveau millénaire. La musique de Tremblay s’inspire du poème de l’écrivain Bernard Lévy. Vincent Ranallo, rencontré par L’Express, nous livre la portée de cette oeuvre.

Vincent Ranallo, diplômé du conservatoire de musique du Québec à Montréal où il a étudié auprès de Marie Daveluy et de Gilles Tremblay, chante avec passion un répertoire de l’orée du baroque à l’avant-garde contemporaine. Il a récemment obtenu un doctorat en interprétation vocale de l’Université de Montréal: sa recherche portait sur la créativité auditive dans les œuvres de Gilles Tremblay.

«Dans l’oeuvre À quelle heure commence le temps?,Tremblay aspire à mettre en relief les moments importants et l’aspect métaphysique de la question ultime reliée au commencement du temps: à quelle heure, à quel instant, à quel premier instant précis commence le temps?», explique Ranallo.

Le drame de la question posée se révèle au fur et à mesure de la composition, comme une immense métaphore de notre époque en traversée du millénaire, sous le thème de la navigation. «Seul chanteur sur la scène, j’interprète tour à tour les trois rôles principaux du marin, de la mer et du vent», dit le baryton.

La musique de Tremblay illustre l’immensité de l’univers, celle de la mer où navigue le marin passionné. À travers la sonorité, on assiste au périple du marin solitaire: une vie empreinte de grands vents et de calmes infinis. La beauté de la mer (la femme) séduit à la fois le marin et le vent, qui luttent pour la conquérir. La nature triomphante exprime l’éternité du temps. La mer devient cruelle et le vent maléfique: le marin meurt dans leurs bras, au gré du temps.

«La quête pour une plus grande souplesse dans les timbres a amené Tremblay à explorer «l’autre» de l’instrument, son envers, son ombre: c’est-à-dire faire ressortir de l’instrument une sonorité sans limites», décrit Ranallo.

«À quelle heure commence le temps? propose une oeuvre aux combinaisons sonores inédites, qui invite le public à considérer le son en tant que réseau complexe d’événements à la fois matériels et immatériels, réels et virtuels, qui permettent d’accéder à différentes perspectives nécessaires à la compréhension de l’oeuvre.»

Ranallo mène une carrière orientée principalement vers le concert et la création, incluant de nombreux récitals radiodiffusés par la chaîne culturelle de Radio-Canada.

Il s’est produit avec nombre d’ensembles dont l’Orchestre de chambre McGill, I Musici, l’Orchestre Métropolitain, l’Ensemble contemporain de Montréal, les enfants terribles, la SMCQ, l’ensemble KORÈ et Chants Libres.

Sa démarche artistique s’enrichit des influences du théâtre et de la danse, issues de sa formation en danse classique aux Grands Ballets canadiens.

De nombreux compositeurs québécois et européens ont été inspirés par sa voix et sa démarche de musicien créateur en pleine expansion.

La carrière prolifique de Tremblay, né à Jonquière en 1932, s’échelonne au cours de plus d’une trentaine d’années marquées, entre autres, de nombreuses compositions pour orchestres et séries radiophoniques de Radio-Canada ainsi que de sa participation à plusieurs concours et festivals internationaux. Récipiendaire de nombreux prix prestigieux, Tremblay est tour à tour jury, professeur et conférencier, invité au Québec, aux États-Unis et en Europe.

Au programme samedi prochain, figurent également des oeuvres de Wolf Edwards (Canada) et Dániel Péter Biró (Hongrie/États-Unis).