Cinéfranco: Traverser le pays su’l pouce

«Le divan du monde» fait l'ouverture de Cinéfranco 2010 vendredi

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Publié 23/03/2010 par Guillaume Garcia

Le premier long-métrage franco-ontarien depuis belle lurette est signé Dominic Desjardins. Un francophone originaire du Québec, qui a vécu au Nouveau-Brunswick et en France, avant de s’installer à Toronto. Il voulait faire un film sur le déracinement communautaire, sur la difficulté à s’intégrer loin de chez soi. C’est chose faite avec Le divan du monde, projection d’ouverture vendredi 26 mars du festival Cinéfranco 2010.

Quand deux francophones se rencontrent à Vancouver, ils se parlent en anglais, comme une habitude envahissante. Elle, Zoé vient des Maritimes, de l’Île du prince Édouard. Lui, Alex est originaire du Québec. Ils n’auraient jamais dû se rencontrer, mais le destin force parfois les choses. Loin de leur région, les deux protagonistes vont se découvrir l’un l’autre au fil d’un voyage, su’l pouce, de Vancouver à Summerside. Ah oui, parce que Zoé vient de quitter son chum, et a décidé de retourner chez elle, en auto-stop.

Le film s’ouvre sur une scène avec Zoé. Elle écrit une lettre à son chum, en français bien qu’il soit anglophone, lui expliquant qu’elle le laisse.

C’est décidé, elle part. Elle repart sur l’Île. Sans logement, elle contacte une amie qui lui donne le contact d’Alex. Il hébergera Zoé une nuit avant de lui laisser l’adresse d’amis à ses parents à Calgary.

Elle s’en va. Alex a un pressentiment, le soir même il prend l’avion pour Calgary, espérant retrouver Zoé là-bas. Pour les deux jeunes adultes, l’aventure va commencer. Déracinés dans l’Ouest canadien, Zoé et Alex avaient poursuivi un rêve, qui s’est envolé… À pied, à deux, ils démêlent l’histoire de leur vie. Ils ont le temps, ils vont de Calgary à l’Île du Prince Édouard.

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Quand il parle de son film, Dominic Desjardins ne semble toujours pas en revenir! «C’est presque un exploit d’avoir trouvé le financement», lâche-t-il!

Ce film, c’est le film d’une communauté, de la communauté francophone de Vancouver aux Maritimes. Il appartient à tous ces gens qui ont aidé Dominic dans son projet un peu fou. À l’origine, il représentait l’Ontario en tant qu’artiste visuel lors de la tournée Francoforce. Il devait faire plusieurs courts-métrages dans les différentes villes traversées. Puis il a eu l’idée de faire un film.

Antoine Gratton et Mélanie LeBlanc étaient aussi sur la tournée. En trois semaines, Dominic Desjardins écrit un scénario.

Tout le monde valide l’idée, il ne reste plus qu’à tourner!
Le résultat est plus que surprenant. «On a réussi à donner au film un look cinéma, de facture professionnelle, avec des éclairages et pourtant très peu de moyens», résume Dominic Desjardins.

Les véhicules, les habitations où a lieu le tournage sont prêtés par la population, l’équipe technique est renouvelée à chaque étape.

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Vancouver, Calgary, Saskatoon, Winnipeg, Toronto, Québec, autant de villes où Dominic Desjardins a dû faire preuve d’imagination, aucun repérage n’ayant été fait au préalable.

Le style du road-movie sied très bien à ce long-métrage à la fois dynamique et psychologique qui mêle amitié et amour de très belle manière.

Mais pourquoi le titre Le Divan du Monde? À pied, traversant le Canada sur le pouce, Alex et Zoé en viennent à dormir chez les gens, et la plupart les font dormir sur le divan du salon. Un simple sofa chez l’habitant permet aux deux pouceux de continuer leur quête d’eux-mêmes.

Pour Zoé, il le faut se rendre à l’évidence qu’elle a sacrifié une période de sa vie pour un homme qui n’en valait pas la peine et qu’elle a, par le fait, aussi perdu toute estime de soi.

Impulsion

Alex travaille quant à lui comme responsable informatique dans une compagnie. Mais sa vraie passion c’est la musique, celle qu’il joue en rentrant du boulot et qui réveille ses voisins.

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Parti sur une impulsion rejoindre Zoé, qu’il ne connaissait même pas, Alex croit sentir quelque chose entre eux. Il n’a pas tort. Mais le film montre bien que parfois on ne trouve pas forcément ce que l’on cherche. «Ils arrivent tous les deux à destination, mais pas celle que l’on imaginait», nous livre le réalisateur.

Le film sera présenté vendredi soir à l’AMC de Yonge et Dundas après le lancement du festival Cinéfranco.

Voilà tout ce que le réalisateur recherche, que le film soit vu, rendu à la communauté qui l’a aidé à faire son film.

Déjà présenté au festival international du cinéma en Acadie, le long-métrage de Dominic Desjardins a rencontré un franc succès.

Dominic Desjardins mérite largement cette reconnaissance. Il a su entreprendre ce projet avec les moyens du bord et dans des conditions contraignantes, même s’il avoue lui-même mieux travailler sous la contrainte!

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Le film peut sembler court, il ne dure qu’une heure et quinze minutes, mais il faut imaginer le tournage et se réjouir que le film existe, tout simplement!

On aurait aimé voir quelques scènes rallongées, l’alchimie entre Antoine Gratton et Mélanie LeBlanc étant magique.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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