Un réalisateur québécois au Programme jeunesse de Cinéfranco

Roger Cantin affrète un Cargo pour l'Afrique

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Publié 09/03/2010 par Guillaume Garcia

Devant près de 300 élèves de secondaire, le réalisateur québécois Roger Cantin est venu présenter son dernier opus, Un cargo pour l’Afrique, sorti en salle en 2009, dans le cadre du programme jeunesse du festival Cinéfranco. Très avenant envers les jeunes au moment des questions réponses clôturant la projection, Roger Cantin raconte à L’Express la genèse du film, confortablement assis dans un café proche du Cinéma Bloor.

Un homme revient d’Afrique après s’être fait évacué suite aux massacres perpétrés dans la région où il travaillait depuis 20 ans. Il est de nationalité canadienne mais n’a plus ses papiers. Il ne veut qu’une chose, retourner en Afrique, chez lui.

«J’ai rencontré des gens et en discutant avec eux, j’ai compris qu’ils se sentaient exilés au Canada, ils ne se sentaient plus utiles et voulaient à tout prix repartir sur le continent africain. Ce ne sont pas des héros, ils font ça par conviction. Je suis plein d’admiration pour ces gens là», explique le réalisateur.

«De l’autre côté, j’ai entendu à la radio un jeune garçon qui racontait son drame familial. Je suis parti sur ces deux personnages en imaginant un roadmovie», poursuit le co-scénariste de La Guerre des tuques. Le réalisateur voulait mettre en lumière le fait que certaines rencontres peuvent changer notre existence et nous faire poser des questions sur nos vies.

Des rencontres

Le jeune Christophe, incarné par Julien Adam, est un petit délinquant qui cherche à attirer l’attention vers lui sans pour autant être méchant. Il joue au dur. Il tombe sur Norbert Da Costa, Pierre Lebeau, un bougon au grand coeur et voit en lui le père qu’il aimerait avoir plutôt que le sien, avec qui il ne s’entend pas.

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L’histoire commence ainsi, avec ces deux personnages qui se tiennent tête et ne s’aiment pas du tout au premier abord. Deux forts caractères qui ne se laisseront pas marcher sur les pieds. Roger Cantin met ici en scène sa vision des rencontres fortuites qui peuvent bouleverser une existence. Pour lui, il y a des idées à prendre partout. Dans cette histoire, chacun des deux personnages va apprendre de l’autre et influencera un changement de comportement.

«Toute sa vie le jeune se posera des questions et ça va l’aider», avance Roger Cantin. De son côté, «l’adulte cherche à savoir ce que cet enfant lui veut. Pourquoi il le harcèle. En fait il est là pour l’apaiser», enchaîne-t-il.

Norbert veut repartir en Afrique à tout prix, même clandestinement mais voit ses projets mis à mal par la présence de la petite canaille attachante.

Jeune et professionnel

Le jeune Julien Adam n’est pas à la vie comme il l’est dans ce film et Roger Cantin admire le professionnalisme et la maturité de ce jeune acteur.

«Quand ils discutaient ensemble (Pierre Lebeau et Julien Adam), on aurait dit deux vieux comédiens!», s’étonne-t-il encore!

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Lors des repérages, dans le quartier Hochelaga, le réalisateur se rappelle avoir remarqué l’attention que portait le jeune comédien à tout ce qui se passait autour, aux enfants qui traînaient dans la rue, pour capter leur démarche, leur comportement, afin d’améliorer son personnage.

«Il y avait des enfants qui étaient là, ils auraient dû être à l’école. Une petite fille de six ans est venue nous voir pour nous demander ce que l’on faisait, se rappelle le réalisateur, je lui ai alors moi-même demandé pourquoi elle n‘était pas à l’école, elle m’a répondu ‘ça me tentait pas aujourd’hui’, donc ça existe vraiment ce milieu là avec des enfants laissés à eux-mêmes.»

Pour ce film, un projet de sept ans au total, Roger Cantin explique avoir travaillé en caméra haute définition, à l’épaule, ce qui lui a permis de passer plus de temps sur le travail des comédiens.
«J’avais une grande liberté d’action, j’ai pu essayer plein de choses. J’ai même fait le montage seul.»

Des questions

Très fier de son film, Roger Cantin a déjà plein d’autres projets pour l’avenir, dont un film qui raconterait une histoire liée aux camps de concentration au Québec et un documentaire sur un tueur en série devenu allié de la police.

La projection se termine, les élèves applaudissent et doivent poser des questions. Personne ne lève la main, Roger Cantin prend alors la parole pour poser à son tour des questions aux jeunes.

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Comme son personnage Norbert Da Costa, la patience n’est pas une qualité intrinsèque chez lui!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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