Un Père Noël 
accidenté

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Publié 08/12/2009 par Vincent Muller

Vendredi matin c’est un Père Noël unijambiste qui manifestait devant le ministère du Travail de l’Ontario en compagnie de plusieurs accidentés du travail. Le barbu vêtu de rouge et blanc en question n’était autre que Richard Hudon, accidenté du travail depuis 48 ans, bien connu en Ontario pour son militantisme. Il collabore avec une clinique juridique d’aide aux accidentés du travail menant différentes actions dont cette manifestation annuelle qui a lieu peu avant les fêtes.

Richard Hudon s’est blessé au travail et a perdu sa jambe à l’âge de 17 ans. «À l’époque je touchais une indemnité d’une soixantaine de dollars par mois, aujourd’hui je touche un peu plus de 900 $», explique-t-il, «c’est en se battant qu’on a eu ces améliorations».

Et à 65 ans, il continue activement de se battre pour améliorer le sort des travailleurs accidentés. Vivant aujourd’hui à Ottawa où il est bénévole en soins palliatifs, le Père Noël de la manifestation a longtemps vécu à Toronto et est également actif au sein de la clinique juridique Injured Workers Consultants, basée dans la Ville-Reine.

Il aide notamment au niveau des relations avec les travailleurs francophones.

«Nous sommes une clinique financée par le gouvernement mais indépendante, notre rôle est d’essayer d’améliorer les lois pour les accidentés du travail, on participe au processus de mise en place ou de réformes», explique Constanza Duran, consultante chez Injured Workers, qui pour la manifestation avait revêtu un costume de fée.

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Cette clinique juridique organise deux autres manifestations annuelles, notamment le 28 avril, journée des morts au travail et le 1er juin pour le jour des accidentés du travail.

Guérison hypothétique

Vendredi passé, les manifestants, plusieurs accidentés du travail ainsi que des membres de syndicats, protestaient contre le système de «deeming» qui sert de base pour verser des compensations aux accidentés du travail.

Selon la consultante, lorsque l’on estime qu’un accidenté du travail est guéri, il doit retourner à son poste, parfois même si son état de santé nécessiterait une période de convalescence plus longue. «Après ça, l’état de santé de certains peut s’aggraver et ils risquent de se retrouver en accidentés permanents», continue-t-elle.

Pour les accidentés permanents, c’est à dire ceux qui ne peuvent plus occuper le poste qu’il occupaient avant leur accident, ce système de «deeming» définit la compensation financière que le travailleur pourra toucher en décidant plus ou moins arbitrairement que le travailleur peut dorénavant occuper tel ou tel autre poste.

Si le salaire de cet autre poste est inférieur à celui que l’accidenté touchait avant, on lui verse une compensation équivalente à la différence.

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Emploi hypothétique

Mais le problème, selon Constanza Duran, est le suivant: «Même si le travailleur n’a en réalité pas retrouvé d’emploi, on ne lui verse que cette compensation par rapport à l’emploi qu’il pourrait avoir.»

«Par exemple quelqu’un qui touchait 20$ de l’heure et qui ne peut plus occuper son poste, si on décide qu’il peut avoir un poste de caissier à 10$ de l’heure, on va lui donner que 10$ de compensation, même si il ne travaille pas. Le plus gros problème c’est pour les travailleurs non qualifiés qui touchent le salaire minimum, si on considère qu’il peuvent avoir un autre emploi ils ne touchent rien.»

«Les accidentés veulent bien changer de poste, mais ils veulent de vrais emplois disponibles, durables et acceptables», conclut-elle.

Les manifestants avaient donc bravé le froid de ce début du mois de décembre, certains se déplaçant à l’aide d’une canne ou d’un fauteuil roulant, afin de protester contre ce système de «deeming» et ne se sont pas fait prier pour huer le ministre ontarien du travail Peter Fonseca venu s’adresser à eux.

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