TTC: des usagers mécontents mais dociles

Les tarifs augmenteront en janvier 2010

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 24/11/2009 par Vincent Muller

Alors que de nombreux usagers sont insatisfaits des services offerts par la Toronto Transit Commission (TTC), celle-ci a décidé d’augmenter ses tarifs dès le 1 janvier prochain. L’Express a recueilli les impressions d’utilisateurs mécontents et les réactions du président de la TTC Adam Giambrone, avant la réunion du 17 novembre lors de laquelle ont été définis les nouveaux tarifs.

Il y a deux semaines, à l’annonce de la future augmentation, les torontois se sont rués vers les guichets de la TTC afin de se procurer d’avance des jetons au prix actuel avant que leur valeur n’augmente, obligeant d’abord la TTC à limiter leur vente à cinq par personne, puis finalement à remettre en vente des tickets valables jusqu’en janvier, pour ne pas être en rupture de stock de jetons avant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs.

Dès janvier, le jeton coûtera donc 3 $ au lieu de 2,75 $ et la carte mensuelle 121 $ contre 109 $ actuellement.

Malgré le fait que l’augmentation de la carte mensuelle soit moins importante que celle annoncée initialement, la nouvelle est difficilement digérée par de nombreux utilisateurs.

Du côté de la TTC, le président Adam Giambrone explique: «C’était ça ou bien couper des services, je ne veux pas ça non plus, mais on n’a pas le choix».

Publicité

Considérant que les services de la TTC sont déjà assez faibles, de nombreux utilisateurs ne comprennent pas cette logique.

Pour eux, cette augmentation non accompagnée de meilleures services incitera les gens à utiliser des moyens de transports alternatifs, au mieux le vélo ou au pire la voiture, ce qui diminuera le nombre d’usagers de la TTC et donc les revenus.

On pouvait lire de nombreuses remarques à propos de cette augmentation sur la page d’un groupe Facebook créé dès l’évocation d’une éventuelle augmentation des tarifs. Ce groupe visait à organiser un boycott des transports en commun durant une journée pour tenter d’influencer la décision de la TTC, quelques jours avant la réunion du 17 novembre.

À la TTC, cette contestation naissante n’a pas de quoi faire peur. Ayant eu vent de ce boycott, son président Adam Giambrone, interrogé quelques jours avant, restait très confiant: «Chaque jour, 1,6 millions de personnes prennent les transports et il y a seulement quelques milliers de personnes dans ce groupe».

Parmi les personnes faisant parti du groupe, nombreux sont ceux qui comparent notre système de transport en commun à ceux d’autres grandes villes des États-Unis, d’Europe ou d’Asie où ils ont séjourné, et qui affirment que la TTC est un système archaïque.

Publicité

Adam Giambrone, lui, fait la même comparaison, mais il est convaincu que Toronto n’a rien à envier à d’autres grandes villes, pas même à New-York où il pointe du doigt l’absence d’air conditionné dans le métro.

Il semble prendre très à la légère les plaintes des Torontois, affirmant que «dans toutes les villes il y a des utilisateurs mécontents des transports en commun».

Pour lui tout va bien à la TTC: «Les services n’ont pas cessé d’augmenter ces dernières années». Évitant soigneusement de parler des problèmes, comme il sait si bien le faire, il réoriente la discussion sur les améliorations comme l’extension des horaires du réseau de transport et le développement des futures lignes de tramway de Sheppard (dont la construction vient d’être entamée) de Finch et de Eglinton dont le coût total s’élèvera à près de 10 milliards de dollars, ainsi que l’extension de la ligne Spadina commencée il y a un peu plus d’un mois.

Certes le réseau s’agrandit à la périphérie mais les personnes mécontentes, elles, pensent davantage au centre-ville: Nicole Winchester, créatrice du groupe sur Facebook, considère que «les lignes existantes sont de pire en pire», notamment au niveau des tramways circulant au centre-ville, souvent en retard, bondés et extrêmement lents.

Pour la TTC, répondre à ces critiques justifiées concernant le problème des transports au centre-ville est apparemment beaucoup plus simple qu’y apporter une solution.

Publicité

Selon Adam Giambrone: «Seulement 8% des usagers utilisent le tramway, il y a 52 millions de personnes par an sur les 11 lignes de tramway». Avec plus de 460 millions d’utilisateurs par an pour l’ensemble du réseau, les quelques lignes de tramway du centre-ville ne sont donc pas une priorité pour la TTC. Cependant, «quatre nouveaux tramways devraient circuler au centre-ville entre 2011 et 2012» lance Adam Giambrone.

Le boycott organisé le vendredi 13 novembre n’a pas été très suivi. Nicole Winchester, avouait qu’il est difficile de mobiliser les gens.

Certaines des raisons du succès mitigé de l’initiative étaient lisibles sur les commentaires de la page du groupe.

Des usagers mécontents, d’accords sur le principe du boycott, pointent du doigt un problème: «lorsque l’on a déjà acheté une carte mensuelle, ne pas utiliser les transports durant une journée n’a aucun impact».

D’autres encore, malgré leur soutien au groupe, estiment qu’ils n’ont pas d’autre moyen de se rendre au travail, malgré le fait que des co-voiturages aient été proposés pour cette journée.

Publicité

Si il y a un point sur lequel les administrateurs de notre cher réseau de transports en commun sont loin de se tromper c’est bien la faiblesse des capacités de mobilisation des utilisateurs qui finiront par avaler la pilule avec docilité… jusqu’à la prochaine augmentation.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur