Je me suis maintes fois demandé d’où pouvaient bien provenir, sur le plan de l’histoire de la langue, certains mots tout simples. Maison, table, chien ou ciel sont des mots tellement courants qu’on imagine assez bien leur ancienneté étymologique. Je croyais bien que c’était aussi le cas pour «bébé» qui semble désigner un enfant nouveau-né depuis des lunes. Je me trompais.
Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que le mot a été lexicalisé en français au sens de «petit enfant». Il était toutefois utilisé depuis un siècle comme terme d’affection.
On dit que c’est d’abord le roi Stanislas 1er qui, chassé de son trône de Pologne et émigré en France, donnait ce surnom à son nain Nicolas Ferry. Celui-ci avait, au milieu du XVIIIe siècle, une grande célébrité.
Quelques années plus tard, le terme «bébé» était devenu un terme d’affection pour un être cher. Le Robert historique de la langue française nous dit qu’au sens de «petit enfant», on le vit apparaître vers 1858. Le mot désignait alors un jeune enfant de moins de dix ans puis, vers la fin du XIXe siècle, un enfant en très bas âge.
Sur le plan étymologique, le Robert nous dit qu’il s’agit d’une formation française onomatopéique que l’on peut rattacher à de nombreux termes dialectaux. On retrouvait en effet babi dans le Bas-Maine, bibi en Picardie, dans le Centre et dans le Midi, bobée en Champagne et babré ou bobré en Moselle.