L’Ontario s’enfonce dans le rouge

À l’instar du gouvernement conservateur fédéral, dont le déficit prévu pour 2009-2010 est passé de 30 milliards $ à 50 milliards $ et avoisine maintenant les 60 milliards $, le gouvernement libéral de l’Ontario a dû lui aussi réviser ses prévisions, l’écart entre les revenus et les dépenses passant de 15 milliards $ dans le budget du printemps dernier, à 18 milliards $ cet été et finalement (?) à 25 milliards $ la semaine dernière.

OK à 24.7 milliards $… mais quelle crédibilité peut-on accorder à ce .7?

Invoquant la récession mondiale, le gouvernement de Dalton McGuinty prévoit maintenant une diminution de 3,5% du produit intérieur brut pour 2009. Cela se traduit par une diminution des revenus que l’Ontario tire de l’impôt des sociétés de 48,1% (!), au moment même bien sûr où les dépenses de santé (la grippe H1N1) et d’aide sociale augmentent, et où le gouvernement «investit» dans l’infrastructure, le secteur de l’automobile et la formation professionnelle.

Au total, les revenus prévus pour 2009-2010 sont de 5,8 milliards $ inférieurs aux prévisions du budget, et on prévoit que les charges augmenteront de 4,8 milliards $.

Le Conseil du Trésor de l’Ontario, promet le ministre Dwight Duncan, effectuera un «examen stratégique rigoureux» des dépenses, veillant à ce que «les grandes priorités de la population», soit la création d’emplois, les services de santé et l’éducation, demeurent viables.

La dernière fois qu’un gouvernement ontarien a encouru d’importants déficits, 10 milliards $ par année sous le NPD de Bob Rae, la population s’est tournée vers les Conservateurs de Mike Harris pour redresser la situation. C’est aujourd’hui son héritier spirituel Tim Hudak qui entend profiter de «l’incompétence» du gouvernement libéral.

En réaction à cette récente mise au point du ministre des Finances, M. Hudak a souligné que le premier ministre Dalton McGuinty a augmenté la dette de l’Ontario de 53 milliards $ depuis son élection en octobre 2003, tout en augmentant les taxes et les impôts.

Tim Hudak reste cependant vague sur ses prescriptions pour rééquilibrer le budget ontarien et sortir de la récession. Depuis un an, les Conservateurs concentrent leurs attaques sur l’harmonisation des taxes de vente fédérales et provinciales, une mesure pourtant populaire dans les milieux d’affaires et susceptible de générer de nouveaux revenus pour l’État ontarien.

Selon l’opposition officielle à Queen’s Park, les dépenses gouvernementales ont augmenté de 60% sous les Libéraux, beaucoup plus que l’inflation et le revenus des Ontariens. L’autre parti d’opposition, le NPD d’Andrea Horvath, craint d’ailleurs une vague de coupures de services et de transferts «essentiels» suite à l’exposé du ministre des Finances.

Mme Horvath dénonce cette «approche déséquilibrée» qui fera que les Ontariens vont «payer davantage et recevront moins»…