Saut à l’élastique sur le site magique de Wakefield

«Mais qu'est ce que je fais là?»

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Publié 20/10/2009 par Guillaume Garcia

Le vent souffle en rafale, les mains crispées sur les rambardes de la passerelle nous écoutons le responsable nous donner les instructions et les différentes possibilités de sauts qui s’offrent à nous, nous sommes à 60 m au-dessus du vide. Mes jambes tremblent, on va dire que c’est la faute du vent! Dans quelques minutes nous allons nous élancer dans le vide, les pieds accrochés par un élastique. Récit d’une de ces journées où l’homme est pris du besoin quasi-primaire de se faire peur pour se sentir en vie.

Après quelques recherches sur Internet, notre choix se dirige vers le site de Wakefield, à 20 min. d’Ottawa du côté Québec, qui est le plus haut endroit possible pour effectuer un saut au Canada. Il semblerait même que le rebond du premier saut, soit plus haut que tous les autres sites de «Bungee Jump». Youpi! «Je cherchais un endroit pour affronter ses peurs, pour avoir de nouvelles sensations, je n’ai trouvé que ça dans la région de Toronto», explique Stéphane, qui a lancé l’idée du bungee.

Les réservations sont faites, le rendez-vous avec l’adrénaline est pris. Certains trouveront que faire tout ce trajet pour sentir son sang se glacer est stupide, soit, nous n’abordons pas cette expérience ainsi. Pour plusieurs d’entre nous, le saut à l’élastique représentait un rêve d’enfant, comme en témoigne Nawal: «C’était un truc que je voulais faire quand j’étais gamine».

Le site, surnommé «The Rock» est une carrière en forme de fer à cheval, traversée en son milieu par une passerelle en acier d’où les sauteurs s’élancent. Depuis l’inauguration en 1992, des «dizaines de milliers de personnes», selon le site Internet de la structure, ont déjà tenté le grand saut. La passerelle surplombe une sorte de lac artificiel. À notre arrivée, plusieurs personnes sont déjà en place à l’entrée du bras métallique et attendent sagement leur tour.

Nous assistons à quelques sauts. L’élastique résiste, nous sommes rassurés. Alors voilà, on a beau savoir que tout est fait exprès, que des milliers de sauts ont été effectués avant nous, la peur demeure, et si ça casse? « Les deux nuits avant, j’ai rêvé à tout ce qui pouvait mal se passer», indique Nadège.

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«L’élastique, t’y pense forcément», ajoute Jean-Baptiste, le seul qui avait déjà effectué un saut auparavant. La Great Canadien Bungee Corporation assure pourtant qu’elle utilise les meilleurs matériaux et les meilleures techniques pour parvenir a un degré de sécurité maximum.

Les minutes défilent, plusieurs autres aventuriers arrivent et se massent en bas du site pour regarder les autres sauter. Tout ce beau monde se décompose en deux catégories bien distinctes, ceux qui viennent de sauter et attendent leurs amis, et ceux qui vont sauter. Les discussions vont bon train, solidarité oblige. La peur au ventre, tout le monde cherche à se rassurer.

L’objectif, avoir moins peur que les autres! «C’est mon cadeau de fête, tu parles d’un cadeau», lâche un jeune québécois qui attend son tour pour monter à la passerelle. Cet instant a quelque chose d’universel, dans les yeux de tous ceux qui n’ont pas encore fait le grand saut, on peut lire la même interrogation: «Mais qu’est ce que je fais là?» Toutefois, arriver un peu de temps avant l’heure prévue «permet de se rassurer», selon notre expérience. C’est le moment aussi de signer la décharge de responsabilité, un moment «important», pour Jean-Baptiste.

Finalement, notre heure a sonné, une des responsables de l’organisation nous dit de nous rendre en haut, à l’entrée de la passerelle. La montée se fait à pied, le long d’un chemin bien pentu. Nous arrivons près de la passerelle, nous montons les quelques marches, un responsable vient nous trouver.

«Bienvenue au plus haut bungee jump d’Amérique du Nord, vous allez sauter de 60 m». Il commence par nous expliquer les deux différentes techniques de saut, attaché par la taille, ce qui amène une position assise et attaché par les pieds, ce qui signifie un saut tête la première.

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Contre toute attente, il est conseillé pour un premier saut de sauter attaché par les pieds, «ça brasse moins au rebond», nous indique notre interlocuteur.

Là, il se passe une chose que tout le monde a ressenti, et que l’on résume par «notre cerveau switch dans un autre mode», pour signifier que l’on ne réfléchit pas normalement. L’équipe de sécurité fait le décompte et l’on saute instinctivement dans le vide. Si certains reculent une première fois au moment de sauter, les organisateurs ont le bon mot et la personne finit par s’élancer quelques secondes plus tard.

À l’arrivée, tout le monde avoue avoir vécu une expérience extrême. «C’est une nouvelle sensation pour ton corps, la chute libre, et la vitesse», analyse Stéphane. «Quand on tombe, on touche rapidement le sol normalement, pas là», poursuit Jean-Baptiste. On a tous eu cette impression que le saut était hypercourt et hyperlong à la fois. Court parce que cela dure à peine trois secondes et long parce que on a le temps de réaliser qu’on est en chute libre.

Au moment de partir, toute l’équipe saluait le rôle du staff, vraiment compétent, ce qui a un effet rassurant avant un tel engagement. On a remarqué également que personne ne criait lors de la première chute libre, mais qu’on hurlait à peine la remontée enclenchée, comme un soulagement synonyme de «ça a marché!». Les plus téméraires comptent ressauter dès cet été et pour certains ce saut représente un premier pas vers la chute libre en parachute.

Le saut à l’élastique est une activité qui reste très abordable, 75 $ le saut à partir de 5 personnes et disponible sans formation. Le rapport prix-sensation est vraiment honnête, nous sommes tous repartis de Wakefield fiers et un peu sonnés après cette grosse montée d’adrénaline.

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Infos : www.bungee.ca

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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