L’eau est une ressource naturelle incontournable pour tous les êtres vivants. Enjeu planétaire mal réparti, pollué et commercialisé, ce patrimoine serait en péril. C’est ce qu’affirme Maude Barlow, la présidente nationale du Conseil des Canadiens et jusqu’à tout récemment, conseillère principale sur l’eau auprès du président de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Agence Science-Presse (ASP) – En 2002, vous aviez écrit un premier livre sur la crise de l’eau intitulé L’or bleu. Pourquoi en écrire un autre aujourd’hui?
Maude Barlow (MB) — Parce que la crise de l’eau s’intensifie chaque jour. Parce que je désirais particulièrement parler de l’impact de cette crise sur les changements climatiques. Et parce que je voulais aussi informer les gens sur le mouvement mondial pour la justice en matière de l’eau et de sa préservation. C’est d’ailleurs l’élément central de mon nouveau livre : la revendication d’un pacte mondial de l’eau. L’eau est devenue, pour beaucoup, un bien marchand. Il faut lutter pour que l’eau redevienne un patrimoine commun, que l’on partage et que l’on préserve.
ASP – À l’échelle mondiale, ce dossier de l’eau avance-t-il ou au contraire, recule-t-il?
MB — Les deux. Du côté de la protection, il faut saluer de nombreuses initiatives, comme celle de l’Uruguay qui a approuvé une réforme constitutionnelle définissant l’eau comme bien public. Il y a aussi la communauté californienne qui se bat contre la privatisation de l’eau. Mais le problème, et c’est là que ça recule, reste que la demande, la pression exercée sur cette ressource, reste supérieure à l’offre. La question aujourd’hui est : réussirons-nous à être assez rapides pour éveiller la conscience des gens à la préservation de l’eau avant que les dommages ne soient trop grands pour cette ressource essentielle?