Henry Purcell un divin génie!

350e anniversaire de naissance du compositeur

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Publié 08/09/2009 par Gabriel Racle

Un divin génie! C’est le poète anglais Gerard Manley Hopkins (1844-18489) qui qualifie ainsi le compositeur Henry Purcell, dans l’exergue d’un célèbre sonnet intitulé simplement Henry Purcell: «Le poète regrette fort le divin génie de Purcell et le loue parce que, tandis que d’autres musiciens ont exprimé les humeurs de l’esprit humain, il a, au-delà, exprimé en notes la marque même et le genre de l’homme comme créé individuellement et universellement.»

En cette année 2009, le monde musical célèbre précisément le 350e anniversaire de naissance de Purcell, né le 10 septembre 1659 à Londres, dans une famille de musiciens. Son père, Henry Purcell est devenu membre de la chapelle royale d’Angleterre en 1661.

Thomas Purcell, son frère, chanteur à la cour, est chargé de la Corporation des musiciens en 1672. Le frère cadet d’Henry, Daniel Purcell (1664-1717), est compositeur, organiste et choriste à la chapelle royale. Il laisse de nombreuses œuvres. Edward Purcell (1678-1740) et Edward Henry Purcell (1???-1765), fils et petit-fils du maître de la musique baroque anglaise, seront aussi musiciens.

Certes, comme le dit Claude Hermann dans son remarquable Henry Purcell (Arles, Actes Sud, 2009, 192 p.): «La prime enfance de H. Purcell se déroula dans une effervescence musicale constante. La maison familiale accueillait les collègues du père et de l’oncle, l’un prenait le luth, l’autre la viole, un troisième se mettait au virginal ou au clavecin, on chantait les dernières nouveautés. C’est en écoutant ces musiciens professionnels que le jeune Henry apprit les rudiments de son arts» (P. 33), qui en conserve indubitablement des traces, comme son extraordinaire talent pour les compositions chantées.

Les tragédies

Mais, pour saisir le sens et les compositions de la musique de Purcell, il faut le replacer dans son cadre de vie global, dans son environnement familial, social, religieux et politique. Et le petit livre de C. Hermann répond parfaitement à cette nécessité, avec des chapitres comme «État des lieux, Un certain goût pour la mort, L’orbe du divin Purcell, Une vie pour les Stuarts». Pour comprendre Purcell, on lira cette rare biographie en français.

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Henry a 5 ans lorsque son père adoré décède, il en a 6 lorsque la peste s’abat sur Londres et que des cadavres s’entassent près de sa maison, suivie du grand incendie de Londres en septembre 1966. Un peu plus tard, il perdra successivement ses maîtres en musque et ses quatre premiers enfants dans les années qui suivirent son mariage.

«Le goût de Purcell pour la rhétorique de la mort se retrouve avec une belle constance du début à la fin de ses dix-huit années d’activité » (p. 41), comme dans ses Funeral Services, Didon et Énée, son opéra, The Fairy Queen, un semi-opéra, ou des Harmonia Sacra.

Et l’histoire

L’oncle Thomas, son tuteur, fait admettre Henry parmi les Enfants de la Chapelle royale, où il va acquérir une formation musicale poussée, sous la conduite de maîtres de renom, H. Cooke, P. Humphrey, J. Blow. Purcell profite de circonstances historiques favorables.

Avec la restauration de la monarchie, après dix années d’une république dictatoriale puritaine (1649-1659), qui proscrivait plaisir et musique, Londres connaît une véritable explosion musicale, encouragée par un souverain que les arts passionnent, Charles II, qui comme son cousin Louis XIV adore danser.

Purcell, bien en cour et titulaire de quatre postes officiels, dont ceux de compositeur pour les Violons et d’organiste de Westminster, va donner le meilleur de lui-même dans des pièces répondant à ses fonctions: des anthems, des chansons pour voix seule et continuo, des contributions théâtrales, des odes à Sainte-Cécile, des sonates.

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Avec Jacques II, roi catholique chassé du pouvoir et surtout Guillaume II, les choses changent à la cour et l’austérité est de mise. Purcell ne compose alors plus guère et décède le 21 novembre 1695, à 36 ans, probablement de tuberculose.

Son œuvre

La mort prématurée de ce «compositeur surmené» est un choc pour l’Angleterre. «Rarement un musicien avait si unanimement inspiré respect et admiration de son vivant.» (p. 163) Et «s’il est un domaine dans lequel Purcell fut et reste universellement admiré, c’est celui de la musique vocale».

Il nous a laissé des œuvres lyriques, un opéra, six semi-opéras (une partie n’est pas chantée), des musiques de scène, des œuvres vocales sacrées comme des odes, des anthems, des psaumes, des œuvres vocales profanes, des chants, des sonates, des fantaisies, entre autres.

«Lorsque son harmonie capture l’oreille, nous perdons toute notion du quoi, du où et du comment! Tel l’amour il réchauffe, telle la beauté contrôle. Comme la magie cachée, il se saisit de tout. Et quand nous l‘écoutons, le corps devient une âme.» (R.G., contemporain anonyme)

Les Voix Humaines interpréteront les Fantaisies de Henry Purcell à la Hart House de l’Université de Toronto, les 30 et 31 octobre prochains

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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