À partir du début des années 1860, la Saint-Jean-Baptiste est célébrée dans les paroisses acadiennes. Puis, lors de la première Convention nationale des Acadiens, à Memramcook (Nouveau-Brunswick) en 1881, les délégués décident que l’Acadie doit avoir une fête distincte de celle des Canadiens français. Ils optent pour le jour de l’Assomption qui est fêtée le 15 août.
Cette décision avait suscité de vives discussions. Les partisans de la Saint-Jean-Baptiste étaient d’avis qu’une fête commune à tous les Canadiens de langue française les unirait autour d’objectifs communs, face à la majorité anglophone du pays. Ils souhaitaient voir se resserrer davantage les liens entre l’Acadie et le Québec.
Les partisans de l’Assomption, en revanche, affirmaient que l’histoire et la nationalité des Acadiens étaient différentes de celles des autres Canadiens français; il fallait donc une fête bien acadienne pour renforcer cette identité nationale qui leur était propre. Le fait que la France avait été consacrée à la Vierge sous le règne de Louis XIII, à l’époque même de la fondation de l’Acadie, fut un autre argument utilisé en faveur du choix de cette fête.
C’est le discours de l’abbé Marcel-François Richard, ardent promoteur de l’Assomption, qui a vraisemblablement influencé la décision. À son avis, «un peuple qui, pendant plus d’un siècle d’épreuves et de persécutions, a su conserver sa religion, sa langue, ses coutumes et son autonomie, doit avoir acquis assez d’importance pour mériter qu’il adopte les moyens d’affirmer son existence d’une manière solennelle; et cela ne saurait se faire plus efficacement que par la célébration d’une fête nationale qui lui soit propre.»