Le Canada et l’UE se rapprochent… timidement

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Publié 19/05/2009 par Vincent Muller

Encourager les investissements et le commerce entre le Canada et l’Union européenne (UE), tel est le but des négociations dont le lancement a été confirmé lors du sommet de Prague le 6 mai dernier. Ces négociations devront conduire à un accord de partenariat économique dont l’intérêt a été présenté jeudi dernier au centre ontarien des investissements et du commerce, lors d’un séminaire d’affaires organisé par la Présidence tchèque de l’UE.

Ce séminaire a réuni entre autres les ambassadeurs de bon nombre de pays de l’UE, des membres de différentes chambres de commerce ainsi que des investisseurs et entrepreneurs canadiens susceptibles d’être intéressés par le marché européen. Ceci, une semaine après que le Premier ministre Stephen Harper, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et Mirek Topolanek, Premier ministre de la République Tchèque, qui est actuellement à la présidence de l’UE, aient signé à Prague une déclaration marquant le lancement de négociations qui aboutiront à des accords de partenariat économique.

Tous les participants au séminaire, à l’image de Giovanni Di Girolamo, chef de délégation de la Commission européenne au Canada, semblaient d’accord sur le fait que le fond culturel et les valeurs que partagent le Canada et l’UE sont des éléments qui devraient faciliter les échanges. Mais il est évident que, jusqu’à présent, cela n’a pas été la priorité ni d’un côté ni de l’autre de l’océan Atlantique.

Potentiel sous-exploité

«Les relations sont bonnes mais le potentiel n’est pas suffisamment exploité» souligne Giovanni Di Girolamo. Et développer ce potentiel ne sera probablement pas chose facile vu la relation quasi exclusive qu’entretient le Canada avec les États-Unis.

Malgré le fait que 80% des biens exportés de l’Ontario aient pour destination le marché étasunien, Bruce Archibald, sous-ministre ontarien du Commerce international et de l’investissement, semble convaincu de l’intérêt, pour la province, de développer un tel partenariat économique avec l’UE.

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Main d’oeuvre éduquée

Selon lui, l’Ontario a de nombreux atouts pour attirer des investisseurs européens: «la culture ontarienne tombe entre celle des États-Unis et de l’Europe et la position géographique est propice au commerce avec les États-Unis.»

Il ajoute: «l’Ontario possède la main d’œuvre la plus éduquée des pays du G7 et les entreprises européennes y sont déjà nombreuses» et n’oublie pas de vanter au passage le système de santé et la relative stabilité économique de la province.

L’Ontario, et le Canada, semblent avoir des atouts évidents pour les entreprises et investisseurs européens mais cela est-il réciproque? Au vu de l’intervention de Georges Heller, ancien président et Directeur général de l’entreprise Hudson’s Bay, il semble que la réponse soit affirmative.

Présent au séminaire pour appuyer cette initiative et mettant en avant son expérience dans le monde des affaires, il insistait sur le fait que les entreprises et investisseurs, en cette période de crise, doivent s’adapter au contexte, changer de stratégie et cette stratégie, selon lui, doit être celle de l’ouverture vers d’autres horizons, l’UE en particulier.

Systèmes financiers compatibles

Parmi les raisons qu’il invoquait pour renforcer les partenariats: le fait que le système financier canadien est plus proche de celui de l’UE que de celui des États-Unis.

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Cependant, le fonctionnement de l’Union européenne, restant quelque chose d’assez difficile à comprendre pour beaucoup de Canadiens, certains entrepreneurs et investisseurs peuvent être découragés de s’y implanter.

Le fait que la présidence de l’UE change tous le six mois est peut être l’une des raisons pour lesquelles cette entité semble assez abstraite.

Mais pour Giovanni Di Girolamo cela ne doit pas constituer un problème majeur: «Une présidence fixe serait surtout avantageuse au niveau de la politique internationale de l’UE» explique-t-il, tout en ajoutant que «même si cela aurait aussi quelques avantages au niveau interne, la Commission européenne restera quand même l’interlocuteur à qui il faut s’adresser pour les règles concernant le commerce et l’investissement au sein de l’UE».

Comprendre nos juridictions

Côté européen, il n’est pas évident non plus de comprendre les différences de législation entre le fédéral, les provinces et les territoires canadiens. L’harmonisation des règles au sein de l’UE devra donc être accompagnée de la même démarche au Canada.

Justement, les négociations entre les deux entités impliqueront les provinces et territoires ce qui devrait être bénéfique non seulement pour les échanges avec l’extérieur mais également pour les échanges internes.

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Ces négociations s’annoncent donc prometteuses tant pour l’UE que pour le Canada, dans la mesure ou la cohésion interne de ces deux entités se trouvera sans doute renforcée, mais il faudra redoubler d’efforts pour convaincre les entrepreneurs et investisseurs et développer des échanges jusqu’à présent assez faibles.

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